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Des clowns à la BNF.

La Bibliothèque nationale de France et le Centre national des arts du cirque s’associent pour lancer un nouveau site dédié aux arts du cirque. Créatif, innovant, périlleux, poétique ou audacieux, le cirque y dévoile ses mille et un visages dans un dialogue entre patrimoine et spectacle vivant. 

Des acrobates antiques jusqu’aux créations les plus contemporaines, en passant par les jongleurs médiévaux, les danseurs de corde de la Renaissance, les illusions de Robert Houdin, les grands chapiteaux européens ou américains ou les spectacles équestres de Bartabas, ce portail retrace l’histoire et les évolutions du cirque, de ses origines à nos jours. Grâce aux richesses des collections de la BnF et des fonds du Centre de ressources et de recherche du CNAC, et à une partie de la collection Jacob-William, le site met en avant les regards croisés d’experts (artistes, historiens, universitaires…) abondamment illustrés de documents inédits, inattendus ou spectaculaires. Plus de 3000 images (enluminures, estampes, affiches, photographies, tableaux, etc.) font revivre la mémoire   du cirque, accompagnées d’environ 400 vidéos présentant des extraits de spectacle, des entretiens et des démonstrations techniques.

L’Encyclopédie des Arts du cirque est une invitation à découvrir l’histoire du cirque, ses disciplines (acrobatie, jonglerie et magie, clowns et dressage), ses codes, esthétiques et imaginaires, mais aussi à en saisir les multiples approches. Un voyage qui s’incarne aussi bien dans les récits des figures légendaires (Astley, Léotard, Barnum, Buffalo Bill, les Fratellini, Achille Zavatta, Madame Xia, Oleg Popov, Pierre Etaix, Philippe Petit…) que dans les créations d’artistes moins célèbres ou plus contemporains comme à travers des formes ou spectacles classiques, novateurs ou plus expérimentaux et qui ne cessent de se renouveler, en porosité avec d’autres formes d’expression artistique (Gruss, Phénix, Plume, Archaos, les Arts Sauts, Anomalie, MPTA, Les Hommes Penchés, Gravity and Other Myths…).

Le site, lancé ce 28 septembre, est consultable à l’adresse : cirque-cnac.bnf.fr

Affiche pour le numéro de femme-canon au Cirque d’été
imprimerie Émile Lévy (Paris), 1887
Lithographie en couleur, 129 × 96 cm
BnF, département des Arts du spectacle, AFF-6449
© Bibliothèque nationale de France

Popularisés par Zazel Farini, l’attraction et le personnage du Projectile vivant, propulsé par un canon, font leur chemin avec des aménagements. Le Krupp qui lança pour la première fois Mlle Zazel à travers la scène du Royal Aquarium de Londres, était bourré de poudre noire et d’étoupe, à l’ancienne, pour reproduire le bruit de la détonation et la fumée. La découverte par Eugène Turpin, en 1885, des qualités d’explosif de l’acide picrique fortement compressé par du coton, qu’il renomme mélinite, facilite « la mise à feu » des canons utilisés comme attraction à sensation. La presse adopte le terme pour qualifier une autre révélation du temps : une jeune danseuse au rythme qualifié d’explosif, Jane Avril (1868-1943), « la Femme Mélinite ». Surnom d’autant plus opportun pour une femme-canon sans nom, annoncée au programme du Cirque d’Été (Cirque des Champs-Élysées) en 1887.

Trois dialogues du sieur Archangelo Tuccaro dans l’Art de Sauter et Voltiger en l’air
dédié au Roy, IIe dialogue, NP
Chez Claude de Monstr’oeil (Paris), 1599
BnF, département des Arts du spectacle, 8-RO-16899 (RÉS)
© Bibliothèque nationale de France

Aux fondements du vocabulaire du cirque, l’acrobatie accompagne son histoire et son évolution. Le saut en constitue le plus beau fleuron. Ce document ancien, emblématique du travail des acrobates, ces sauteurs extraordinaires célébrés dans les foires et les cours royales, a emporté et pérennisé à travers les siècles l’éternel idéal de l’homme : s’élever en l’air, voler ! 

Deux cent cinquante ans après l’édition des Trois Dialogues d’Archangelo Tuccaro, Auriol (1806-1881), fils du premier sauteur de Nicolet, lui-même réputé « plus léger que le vent », survole en tournant un salto une haie de soldats, baïonnette au fusil. Il s’aide du rebond donné par la petite planche désignée au XVIe siècle du nom de « trampellin ». C’est en prenant appel sur une grande pierre plate en guise de « coussin », que les sœurs Martinetti, Eugénie et Maria, excellentes sauteuses, terminent leur numéro de jockey en franchissant d’un bond, à travers un « ballon », cerceau tendu de papier, trois chevaux alignés sur la piste du chapiteau familial, avec une arrivée debout sur la piste. Une autre variante du saut de cerceau, cette fois à travers les airs, a fait la fierté des voltigeurs aériens de la fin du XIXe, les Silbons, Cee Mee, ou des Hillarys au XXe siècle.

La pratique des sauts n’a cessé d’évoluer et de s’enrichir, mais les voltigeurs de toutes les époques peuvent se reconnaître dans la décomposition des figures telle que décrites par Tuccaro dans son traité, rédigé à la Renaissance avec un soin, une clarté et une expertise remarquables.

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