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Des inédits de Marcel Proust bientôt publiés.

Dans les années où il ébauche le roman qui deviendra Jean Santeuil, Proust, âgé d’une vingtaine d’années, compose de courts textes de fiction, qui sont autant d’esquisses où l’on peut déjà entrevoir les personnages, les situations, les réflexions qui jalonneront la carrière mondaine, la vie affective et l’évolution spirituelle de l’auteur depuis son enfance dans Du côté de chez Swann jusqu’à l’illumination du Temps retrouvé. S’il est salué par quelques critiques amicales, son importance littéraire n’est guère perçue avant le début des années 1920, c’est-à-dire après la mort de l’auteur, dont on ne peut plus méconnaître le génie. Mais il retombe dans l’oubli jusqu’au début des années cinquante, lorsque Bernard de Fallois, avec Jean Santeuil et Contre Sainte-Beuve jusqu’alors inédits, met en pleine lumière la genèse de l’œuvre proustienne.

C’est alors que Bernard de Fallois, découvre, en rassemblant des manuscrits dispersés, un ensemble de neuf nouvelles initialement destinées à figurer dans Les Plaisirs et les Jours, et dont aucune n’avait jamais été publiée, pas même en revue.

Il en fit une analyse approfondie dans un chapitre de sa thèse de doctorat, chapitre qui a été tout récemment publié. On y voit le jeune écrivain multiplier les expérimentations narratives suggérées parfois par ses lectures mais déjà résolument engagé dans le processus de création qui annonce par bien des signes l’œuvre future. Sans doute considérait-il qu’en raison de leur audace, ces textes auraient pu heurter un milieu social où prévalait une forte morale traditionnelle. Sans recourir à l’érudition biographique, cette interprétation n’est certainement pas arbitraire si l’on songe au rigorisme des « gens de Combray », tel qu’il est évoqué dans la première partie de Du côté de chez Swann, par exemple.

En effet le thème dominant de ces œuvres, c’est l’analyse de « l’amour physique si injustement décrié » en des termes qui annoncent et préfigurent Sodome et Gomorrhe, soit directement soit par voie de transposition. On se souvient que le jeune Narrateur, dans ses promenades solitaires mais souvent exaltées autour de Combray, dans la vaine recherche d’une grande idée philosophique autour de laquelle organiser ses impressions, désespérait de devenir jamais « le premier écrivain de l’époque ». Nous voyons bien, en lisant attentivement Le Mystérieux Correspondant, qu’il avait déjà très tôt trouvé seul, résolument et sûrement, et sans l’aide d’aucune puissance extérieure, le chemin de son grand rêve.

Cet exceptionnel ensemble sortira au moment où l’on célébrera le centième anniversaire de l’attribution du Prix Goncourt à Proust pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs (1919).

 

Le Mystérieux correspondant et autres nouvelles inédites, par Marcel Proust

Suivi de “Aux sources de la Recherche du temps perdu”. Textes transcrits, annotés et présentés par Luc Fraisse, professeur à l’Université de Strasbourg.

Editions de Fallois.

Parution prévue en octobre 2019.

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