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Un nouveau Sagan. Bonjour tristesse ?

Quinze ans après sa mort, les éditions Plon publient un inédit de Françoise Sagan. Le manuscrit largement inachevé a été partiellement complété par le fils de la célèbre romancière, Denis Westhoff. La fin est laissée à l’imagination du lecteur.

Doit-on fouiller les tiroirs des écrivains morts ? A priori, lorsqu’un auteur de la trempe de Françoise Sagan laisse enfoui un manuscrit, c’est qu’il ne trouve pas les arcanes pour aller plus loin dans son développement ou qu’il abandonne une idée qu’il ne juge plus digne d’intérêt. Bref, faut-il ajouter un brouillon à une bibliographie ?

Denis Westhoff, qui a retrouvé ces pages au milieu dans une montagne de papier, avait déjà soumis le texte à l’éditeur Jean-Marc Roberts qui avait émis un avis défavorable disant même : « il ne faut pas le publier car il va faire du tort à l’œuvre de ta mère ».

Ce n’est que récemment que le fils de la romancière s’est décidé à publier Les quatre coins du cœur et a dû le retravailler pour pallier les manques de mots ou réorganiser certains paragraphes « sans le modifier, sans toucher au style, à l’écriture, ni au ton général » confie-t-il au micro de France Inter. Il insiste : « Je n'ai pas réécrit ce manuscrit. C’est purement le texte de ma mère ».

« Il concentre en lui toute l’écriture de ma mère, tout son caractère, tout son esprit, tout son talent, tout son humour et puis toute sa liberté, il a un très fort caractère saganesque. » 

Les Quatre coins du cœur conte l’histoire d’une femme qui s’éprend de son beau-fils. Les imperfections font qu’on ne fait qu’entrevoir le style de Sagan.

L’éditrice, Sophie Charvanel, a également travaillé sur ces quelques papiers : « Ça a été un petit travail d’orfèvre. Avec ses feuillets épars, le texte était comme un puzzle à remettre dans l’ordre. Mais nous n’avons opéré qu’un très léger travail de lissage ». Elle considère le livre comme un « diamant brut avec ses imperfections ». Il aurait fallu oser labelliser le texte « fond de tiroir » et le laisser brut, ce qui n’aurait intéressé que les inconditionnels de Sagan et n’aurait certainement pas fait un tirage fort important. Or, la publication de cet inédit fera surement recette, 80.000 exemplaires ont été imprimés. Voilà donc le fameux livre mystère qui avait agité les milieux littéraires parisiens. Ils annonçaient alors un tirage trois fois plus important. 

En 2011 déjà, quatre nouvelles ont été exhumées et publiées sous le titre Un matin pour la vie, aux éditions Stock.

Françoise Sagan, de son vrai nom Françoise Quoirez, est née le 21 juin 1935 à Cajarc et morte le 24 septembre 2004 à Honfleur. Elle devient célèbre dès son premier roman, Bonjour tristesse, publié en 1954 à l'âge de dix-huit ans. Ce roman est un des plus gros succès de l’édition française : il a dépassé les deux millions d’exemplaires vendus.

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