Yann Moix sait faire parler de ses bouquins. Son nouvel opus, Orléans, embrase la polémique. Sous le label roman, il s’agit d’une autofiction selon le néologisme créé en 1977 par Serge Doubrovsky, critique littéraire et romancier, pour désigner son roman Fils. Il s’agit en clair du croisement entre un récit réel de la vie de l’auteur et un récit fictif explorant une expérience vécue par celui-ci.
Dans son roman titré de sa ville natale, Yann Moix étale les maltraitances que ses parents lui auraient fait subir. Yann Moix soutient que son livre est fort peu romanesque. Dans une interview donnée à Sept à huit le 18 août, il relate les coups de rallonge électrique réguliers et les punitions par l’excrément subis dans son enfance. Une enfance que Yann Moix raconte au rythme des humiliations et des passages à tabac que lui inflige son père.
Orléans, que Yann Moix appelle son roman de l’humiliation, prête même à la mère Moix des intentions criminelles : « Elle luttait sans trêve contre l’idée de me noyer dans l’eau mousseuse du bain ou de m’étouffer sous l’oreiller de mon petit lit »
Chez les Moix, le linge sale se lave dans les journaux. Le père, même s’il reconnait une éducation stricte, nie en bloc toute maltraitance dans une interview accordée à La République du Centre. Dans une lettre adressée à L’Obs, il précise « Yann n’a jamais accepté la naissance de son petit frère Alexandre, de quatre ans son cadet. A partir du moment où Alexandre est né, il n’a jamais pu supporter qu’il existe. Lui qui avait été un enfant si doux jusque-là, il est devenu un enfant terrible. Surdoué certes, attachant à beaucoup d’égards, mais malheureusement au quotidien, nous avions de grosses difficultés à canaliser sa violence. Il a toujours voulu « éliminer » Alexandre, et quelques fois de manière physique. » Pour lui, le livre de son fils est un magnifique roman, mais « Ce sont les interviews que donne Yann et l’angle de sa promotion qui dénaturent la réalité. »
Puis c’est au petit frère, Alexandre Moix, de monter au créneau en envoyant une lettre au journal Le Parisien. Evoquant également les mensonges outranciers contenus dans Orléans, le cadet attribue même la violence décrite à Yann Moix lui-même. N’hésitant pas à qualifier son frère de tortionnaire, il écrit : « Il était mon Orange mécanique ». « J’ai subi 20 ans durant des sévices et des humiliations d’une rare violence de sa part. Ceux-là mêmes qu’il décrit dans son roman, en les prêtant à nos parents » « Dans sa vie, mon frère n’a que deux obsessions : obtenir le Prix Goncourt et m’annihiler (...) physiquement ou moralement. » « Je me souviens comme si c’était hier de ce jour, où, m’attrapant violemment la main, il me la coinça de toutes ses forces entre les persiennes métalliques de notre chambre et les referma sur mes phalanges. La douleur fut si intense que j’en tombais dans les pommes. Le lendemain, j’avais perdu tous les ongles. J’avais 10 ans. »

Yann Moix prend le risque de poursuites judiciaires avec son livre polémique. Le délit de diffamation, passible de 12 000 euros d’amende, condamne « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ».
Me Emmanuel Pierrat, avocat spécialiste du droit de la presse interrogé par Le Parisien indique que « Yann Moix évoque des maltraitances physiques commises par ses parents. Or, quiconque accuse autrui de faits répréhensibles pénalement, ce qui est le cas des violences parentales, peut être condamné pour diffamation. Le fait que Yann Moix mentionne « Roman » en couverture de son ouvrage et ne donne jamais les prénoms de ses accusateurs ne le protège pas d’éventuelles poursuites. Il pourrait même préciser qu’il s’agit d’une fiction, cela ne suffirait pas. Tant que les personnes accusées sont identifiables par leur entourage, la justice peut retenir la diffamation. D’autant que Yann Moix a titré son roman du nom de la ville de son enfance, a livré des détails sur le métier de son père et a même accusé ce dernier ouvertement dans les médias. »
Pour rappel, Christine Angot, qui a sévit un temps aux côtés de Yann Moix dans l’émission « On n’est pas couché », a été condamnée en 2013 pour atteinte à la vie privée suite à l’un de ses livres.
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