Liste des livres de Boylesve (René)
René Boylesve (1867–1926)
René Boylesve, de son vrai nom René-Marie-Auguste Tardiveau, est un écrivain français né le 14 avril 1867 à La Haye-Descartes (aujourd’hui Descartes, en Indre-et-Loire) et mort le 14 janvier 1926 à Paris. Écrivain de la transition entre le XIXe siècle finissant et les prémices de la modernité du XXe siècle, il est souvent considéré comme un précurseur de Marcel Proust, dont il partage le goût pour l’introspection, les souvenirs d’enfance et l’analyse des sentiments.
Une jeunesse orpheline et studieuse
Orphelin très jeune — il perd sa mère à l’âge de cinq ans, puis son père peu après — Boylesve est élevé par sa tante à Tours, dans un environnement bourgeois, empreint de rigueur morale et de mélancolie. Il garde de cette enfance marquée par la solitude et la mémoire des êtres disparus une sensibilité exacerbée et une profonde nostalgie, qui nourriront toute son œuvre littéraire.
Il poursuit des études de droit, voyage beaucoup en Europe (notamment en Allemagne, en Italie, en Espagne), puis s’installe à Paris où il commence à collaborer à divers journaux, comme Le Figaro, Le Gaulois ou Le Journal des Débats.
Une œuvre du souvenir et de l’émotion
Boylesve fait ses débuts en littérature avec Le Médecin des Dames de Néans (1896), roman encore marqué par une certaine observation sociale. Mais c’est avec La Leçon d’amour dans un parc (1902) et surtout La Jeune Fille bien élevée (1909) qu’il rencontre un véritable succès. Son œuvre développe une esthétique du détail, du sentiment délicat, de l’évolution des mœurs dans une société française en pleine mutation.
Il est souvent vu comme l’un des derniers représentants de la tradition psychologique française issue de Flaubert, mais teintée d’un lyrisme proustien avant l’heure. Son style, soigné, musical, sans effets grandiloquents, excelle dans l’évocation des paysages, des nuances de la vie intérieure, et des petits drames de l'existence.
Un académicien discret
En 1919, René Boylesve est élu à l’Académie française au fauteuil de Ferdinand Brunetière. Il y occupe une place discrète, fidèle à sa nature réservée et à son refus des honneurs bruyants. Son décès, en 1926, ne provoque pas l’émotion que suscitera, quelques années plus tard, celle de Proust. Et pourtant, Boylesve reste l’un des chaînons essentiels entre le naturalisme finissant et les innovations narratives du XXe siècle.
Héritage et reconnaissance
Aujourd’hui quelque peu oublié du grand public, René Boylesve est réédité à intervalles réguliers et redécouvert par les amateurs de littérature raffinée. Son nom reste associé à la douceur tourangelle, à l’analyse des âmes sensibles, à une époque où la délicatesse et la retenue étaient encore des valeurs littéraires. Il occupe une place singulière dans le panthéon littéraire français, entre la chronique provinciale et la prose impressionniste.