Liste des livres de Campion (Léo)
Léo Campion (1905–1992)
Léo Campion est une figure originale de la culture libertaire et maçonnique du XXe siècle, à la fois chansonnier, écrivain, militant anarchiste et franc-maçon convaincu. Né le 24 mars 1905 à Paris dans une famille franco-belge, il revendique très tôt une liberté de pensée totale, nourrie d’humour, d’érudition et de provocation. Son œuvre navigue entre satire, engagement politique et réflexion spirituelle, dans une trajectoire inclassable.
Expulsé de France en 1923 pour ses opinions politiques – il est alors de nationalité belge – il s’installe en Belgique où il participe activement aux cercles anarchistes, tout en publiant ses premiers textes. Dès ses débuts, Campion conjugue culture libertaire, esprit fraternel et humour mordant. Il commence une carrière dans les cabarets politiques comme chansonnier, tout en dessinant et écrivant dans de nombreuses revues satiriques. Il développe un goût pour les lexiques absurdes et les dictionnaires détournés, tel Le Petit Campion (1953), et s’illustre dans des ouvrages grivois, humoristiques ou irrévérencieux comme Code de la bienséance à l’usage des adultes (1957) ou Le Cul à travers les âges (1981).
En parallèle, Léo Campion mène une réflexion approfondie sur la franc-maçonnerie, dont il est un membre actif au sein du Grand Orient de France. Loin de voir une opposition entre anarchie et initiation, il défend leur complémentarité dans des textes documentés tels que Les Anarchistes dans la Franc-Maçonnerie (1969), Sade franc-maçon (1972) ou encore Le Drapeau noir, l’Équerre et le Compas (1978), son ouvrage le plus célèbre. Il y affirme que la liberté, la pensée critique et l’égalité peuvent s’épanouir aussi bien dans les loges que dans les cercles militants.
Joueur avec les mots, passionné par les figures marginales, Campion rédige également des essais biographiques comme Zo d’Axa, brève esquisse d’un anarchiste de la Belle Époque (1936), rendant hommage aux iconoclastes de l’histoire libertaire. Jusqu’à la fin de sa vie, il multiplie les interventions, les articles, les conférences et les publications, mêlant réflexions philosophiques, satires sociales et encyclopédies ironiques (Lexique pour rire illustré, Florilège de la fesse).
Léo Campion meurt à Paris le 6 mars 1992, à l’âge de 86 ans. Fidèle à ses deux engagements, sa sépulture porte les symboles du drapeau noir anarchiste et de l’équerre maçonnique. Il laisse une œuvre atypique, à deux visages : sérieuse et érudite d’un côté, joyeusement irrévérencieuse de l’autre.
Il demeure aujourd’hui une figure tutélaire pour ceux qui cherchent à penser librement, à rire sans peur et à vivre sans maître.