Liste des livres de Dagerman (Stig)

Stig Dagerman (1923–1954)

Stig Dagerman fut l’une des voix les plus saisissantes de la littérature suédoise du XXe siècle, malgré une carrière fulgurante et tragiquement brève. Né en 1923 dans le comté d’Uppsala, il grandit dans un milieu modeste marqué par l’absence de sa mère, et très tôt, il se forge une conscience aiguë des injustices sociales, du désespoir humain et de la quête de sens.

Il s’impose dès ses débuts comme un écrivain d’une lucidité rare. Son premier roman, Le Serpent (Ormen, 1945), écrit à l’âge de vingt-deux ans, sidère la critique par son intensité et sa noirceur existentielle. Dagerman y donne déjà la mesure de son style : une prose nette, tendue, traversée d’angoisse morale, où la guerre devient le miroir d’un monde dévasté intérieurement.

Suivront L'Île des condamnés (De dömdas ö, 1946), allégorie d’une humanité naufragée, et surtout Le Jeu de la mort (Bränt barn, 1948), chef-d’œuvre à la fois implacable et bouleversant, dans lequel l’auteur dissèque le deuil, la culpabilité et la complexité du désir. Il s’illustre aussi comme journaliste — ses Reportages allemands (Tysk höst, 1947), écrits au lendemain de la guerre, dressent un portrait implacable de l’Allemagne vaincue, mais aussi de la faillite morale de l’Europe.

Son œuvre s’inscrit dans le sillage de Kafka, Camus et Sartre, sans jamais s’y fondre : Dagerman revendique une subjectivité radicale, une douleur universelle dont il fait la matière même de sa littérature. Mais ce regard lucide, sans illusion, le consume. Rongé par la dépression, en proie à un sentiment d’impuissance face à l’écriture, il se donne la mort en 1954, à l’âge de 31 ans.

Malgré cette brièveté, l’œuvre de Dagerman demeure d’une puissance intacte. Son influence est perceptible bien au-delà de la Suède, jusque chez des écrivains comme Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras ou Michel Houellebecq. Son théâtre (Le Damier, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier) et ses textes posthumes révèlent une conscience tourmentée, douloureusement lucide, qui n’a jamais cessé de chercher une parole juste face à l’absurdité du monde.

Aujourd’hui encore, Stig Dagerman est lu comme un écrivain de la solitude essentielle, de la révolte sans dogme, et de la compassion la plus aiguë.

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