Liste des livres de Cau (Jean)
Jean Cau (1925–1993)
Écrivain du feu et de l’ombre
Jean Cau, né à Bram (Aude) le 8 juillet 1925 et mort à Paris le 18 juin 1993, fut l’un des écrivains français les plus singuliers de l’après-guerre. Lauréat du prix Goncourt en 1961 pour La Pitié de Dieu, cet intellectuel charismatique, à la plume à la fois lyrique et véhémente, a traversé les décennies en électron libre, cultivant une posture d’indépendance radicale autant littéraire qu’idéologique.
Une trajectoire hors-norme
Normalien et agrégé de philosophie, Jean Cau entre dans le monde des lettres comme secrétaire de Jean-Paul Sartre. Cette proximité avec les milieux existentialistes ne dure pas : Cau choisit très vite une voie personnelle, à rebours des engouements idéologiques dominants. Son œuvre s’ancre dans une quête passionnée de grandeur, de violence vitale, de beauté solaire, souvent inspirée de la tauromachie, du Sud et du paganisme.
Un style incandescent
Jean Cau s’est imposé par un style vigoureux, incantatoire, où se mêlent la nostalgie du sacré et l’amour de la puissance. Influencé par Nietzsche, Montherlant ou Giono, il chante la gloire des corps, l’aridité des paysages, la rudesse des hommes. Son écriture célèbre les forces primordiales : le soleil, le sang, la terre, la mer.
Ses essais et romans, tels que Croquis de mémoire (1984), Les écuries de l’Occident (1973) ou Discours de la décadence (1978), sont autant de manifestes flamboyants contre la société moderne qu’il juge décadente, matérialiste, désenchantée. Sa langue, charnelle et baroque, s’oppose au rationalisme froid et à la tiédeur contemporaine.
Un penseur marginal et controversé
Jean Cau n’a cessé de cultiver la marge, quitte à déranger. Dans les années 1970, il se rapproche des milieux dits "de droite païenne" et collabore un temps à la revue Éléments du GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), ce qui lui vaudra des polémiques. Mais il refuse toute étiquette partisane, fidèle à son idéal d’écrivain libre, témoin de la beauté tragique du monde.
Un héritage incandescent
Jean Cau laisse une œuvre abondante, passionnée, volontairement inclassable. Figure d’une littérature de combat et d’exaltation, il continue de fasciner par sa voix intransigeante, qui parle au ventre autant qu’à l’âme. Il fut l’un des derniers écrivains français à assumer avec panache une posture virile et poétique, dans un monde qui lui semblait renier ses dieux.