Laudy (Jacques)

Né le 7 avril 1907 à Bruxelles, Jacques Laudy est l'une des figures majeures de la bande dessinée belge. Issu d'une famille d'artistes - son père, Jean Laudy, était peintre à la Cour de Belgique avant-guerre ; sa mère, Hélène Demoulin, était peintre paysagiste et aquarelliste - il fut lui aussi un grand peintre classique : il avait été l'élève, notamment, du peintre symboliste Constant Montald, comme plus tard après lui René Magritte ou Paul Delvaux. Au début des années '20, alors qu'il poursuivait des études à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, Jacques Laudy se lia d'amitié avec l'un de ses condisciples nommé Jacques van Melkebeke (plus tard son scénariste et premier rédacteur en chef du journal Tintin). Ce dernier lui présenta bientôt un certain Edgar P. Jacobs. Ensemble, ils formèrent vite un indissociable trio et ils s'amusèrent à se portraitiser l'un l'autre (dessin ci-dessous : Laudy par Jacobs). E.P. Jacobs prendra d'ailleurs Laudy comme modèle pour le "capitaine Blake", le "professeur Mortimer" ayant les traits de van Melkebeke. 1940. Laudy réalise la couverture du premier numéro du journal Bravo, l'un des plus prestigieux journaux de la BD franco-belge. Un an plus tard, il introduira auprès de Jean Dratz (rédacteur de Bravo) son ami E.P. Jacobs, qui l'encouragera à réaliser ses premières bandes dessinées : ce sont "Bimelabom et sa sœur Chibiche" (1944) qui vivra trois épisodes, puis, "Gust, le flibustier" (1946), histoire mémorable où l'auteur se met lui-même en scène. En 1946, lors du lancement du journal Tintin en Belgique, il fait partie du quatuor de base du journal avec Hergé, Jacobs et Cuvelier. Et il y démarre d'ailleurs une longue fresque narrative de plus de 60 planches : "Les 4 Fils Aymon". Nous connaîtrons de lui les aventures de "Hassan et Kaddour" où le fantastique et le merveilleux sont partout présents. Maître du récit historique, il atteint le sommet de son art avec "Rob Roy" (1947) et " David Balfour" (1952), dont l'emploi jusque là inusité de la technique à l'aquarelle fait de cette histoire l'une des œuvres les plus remarquables de la bande dessinée belge. Dans ces deux derniers récits, on retrouve également un troisième thème cher à Laudy : l'Écosse. Mais plus tard, les relations entre Jacques Laudy et Hergé se détérioreront. En tout cas, ce dernier n'en conservera pas le meilleur souvenir. Il a senti instinctivement qu'ils ne seraient jamais sur la même longueur d'onde. Laudy demeure envers et contre tout un artiste. Il se soucie comme d'une guigne de rendre ses travaux à l'heure. Les contraintes de la presse en général et celles de la bande dessinée semblent le laisser indifférent. Il se fiche de savoir qu'un phylactère se lit de gauche à droite, refuse d'envisager que l'histoire puisse jamais primer sur le dessin et... ne veut pas prendre l'ascenceur ! Autant dire que c'est un homme du Moyen Âge ! De plus, Hergé reproche à Laudy d'abuser de ces procédés artificiels qui tournent à la sorcellerie : le déplacement des personnages dans le temps. C'est lors du passage de David Balfour dans Tintin que Laudy décida d'abandonner la bande dessinée. Il fit encore quelques travaux pendant dix ans pour l'abandonner en 1962, définitivement. Douze ans passent, jusqu'en 1974. Sont alors édités coup sur coup quatre albums en flamand, qui furent bientôt suivis des éditions en français. De 1975 à 1986, la quasi totalité des bandes dessinées de Laudy ont été rééditées : une merveille ! Des expositions lui furent alors (partiellement) consacrées et il se vit décerné plusieurs prix et décorations. Une réhabilitation qui poussera Laudy à refaire de la BD : il prépare en effet une nouvelle histoire d'Hassan et Kaddour "L'amulette suédoise", qu'il n'achèvera jamais. Le 28 juillet 1993, Jacques Laudy nous quittait pour un monde meilleur, à l'âge de 86 ans, laissant derrière lui un monumental ouvrage de souvenirs, sorte d'autobiographie graphique mêlant le réel et l'imaginaire, où il évoque son enfance à Klemskerke, fait intervenir ses personnages de bande dessinée et ses amis Edgar P. Jacobs et Jacques van Melkebeke dans une fiction épicée d'épisodes authentiques, réglant quelques comptes au passage et se rendant justice : "Le Royaume d'Edgar J.".

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