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Le Merveilleux scientifique : une science-fiction à la française.

À l’aube de la Grande Guerre, le public se passionne pour la découverte des rayons X, la photographie des auras ou les essais de communication avec la planète Mars. C’est dans cette atmosphère de rêverie scientifique que l’écrivain Maurice Renard entreprend de structurer un nouveau mouvement littéraire, inscrit dans la lignée de H. G. Wells et en rupture avec Jules Verne : le «merveilleux- scientifique». L’intrigue de ces récits se construit dans un cadre rationnel ; l’auteur choisit d’y altérer une loi scientifique, permettant ainsi aux protagonistes de traverser la matière, de lire les pensées   ou de voyager dans l’infiniment petit. La BnF consacre une exposition inédite à ce pan méconnu de la littérature française du début du XXe siècle. Un voyage dans le temps jubilatoire aux côtés de ces auteurs « chasseurs de chimères » et « scribes de miracles », qui révèle la richesse de l’imaginaire scientifique français, avant même l’avènement de la science-fiction américaine au début des années 1930.

La Bibliothèque nationale de France participe depuis 2017 à la redécouverte du corpus merveilleux-scientifique, qui s’est épanoui en France entre 1900 et 1930, en rééditant certains auteurs-phares au sein de sa collection de pépites littéraires «Les Orpailleurs» (Théo Varlet, André Couvreur, J.-H. Rosny aîné) et en collaboration avec les éditions 2024 (G. Ri).

Maurice Renard, maître à penser du genre, se positionne en tant que «rénovateur du roman» et invite ses pairs (André Couvreur, Théo Varlet, Gustave le Rouge, Octave Béliard, Léon Groc, etc.) à fonder un roman neuf, basé sur la raison. S’éloignant des aventures scientifiques à la Verne, le récit merveilleux-scien- tifique s’inspire du roman expérimental de Zola, des contes philosophiques de Wells, des histoires extraordinaires de Poe, du merveilleux de Perrault modernisé et de la vague de merveilleux spirite. Chaque intrigue s’élabore autour de l’invention/modification d’une loi physique, chimique ou biologique, qui pro- pose dès lors au lecteur de regarder le monde connu la tête en bas ou au travers d’un miroir déformant.

L’exposition présente plus de 250 reproductions de documents largement méconnus, issus des fonds de la BnF : romans, feuilletons, affiches, récits sous images, articles prospectifs et de vulgarisation scientifique. Ils témoignent ainsi de la dissémination de l’esprit merveilleux-scientifique dans la culture médiatique et populaire au début du XXe siècle.

Déambulant librement dans l’allée Julien Cain, le visiteur découvre au fil des cimaises que certaines thématiques qu’il pensait l’apanage de la science-fiction américaine des années 1930 et au-delà, étaient déjà en germe dans l’imaginaire merveilleux-scientifique français, très au fait des avancées scientifiques de l’époque (homme artificiel et augmenté, révolte des robots, catastrophe écologique, in- vasion et surveillance extraterrestre, etc.). L’exposition met en lumière les liens privilégiés du modèle merveilleux-scientifique avec les sciences et pseudo-sciences de son temps.

La première partie propose une immersion dans l’atmosphère de la Belle Époque, qui voit des savants comme Pierre Curie et Camille Flammarion se passionner pour les mystères surnaturels, tandis que les journaux vantent les bienfaits des crèmes au radium et autres ceintures électriques. En écho à son titre évocateur, « une science-fiction à la française », l’exposition met aussi en évidence la place du champ merveilleux-scientifique dans l’histoire plus générale du roman d’hypothèse où se côtoient science-fiction, aventures scientifiques et autres voyages extraordinaires.

La seconde partie offre un large panorama des motifs littéraires caractéristiques du genre : le savant fou et ses créations, l’homme artificiel, la découverte de nouveaux mondes, les créatures inquiétantes et ultra-terrestres, les voyages dans le temps. Les illustrations mettent chaque fois en évidence l’influence du contexte scientifique sur l’épanouissement d’un thème fantaisiste, révélateur d’une époque où l’on rêvait les «Et si...».

André Couvreur, Une invasion de Macrobes
couverture anonyme
Paris : Pierre Lafitte et Cie [1909] 1910

Jean de Quirielle, L’œuf de verre
couverture de Charles Ata- mian
«Les Récits Mystérieux», Paris : Albert Méricant, 1912 

H.-J. Magog, L’homme qui devient gorille
couverture anonyme
«Grande Collection Nationale», n°196, Paris : F. Rouff, [1911] circa 1921

Gabriel Bernard, Satanas
couverture d’Henri Armengol
«Les Grands Romans», n° 5, Paris : Ferenczi et Fils [1922] 1923 

Gustave Le Rouge, Le prisonnier de la planète Mars
couverture d’Henri Thiriet
«Le Roman d’Aventures», n° 4, Paris : Albert Méricant, 1908

Louis Boussenard, Monsieur... Rien ! Aventures extraordinaires d’un homme invisible
couverture et illustrations de Georges Conrad
«La Vie d’Aventures», n° 5, Paris, s.d (1907)

Michel Corday et André Couvreur, Le Lynx
couverture anonyme
Paris, Pierre Lafitte et Cie, 1911




Le merveilleux-scientifique. Une science-fiction à la française

Jusqu’au 25 août 2019

Allée Julien Cain

BnF I François-Mitterrand

Quai François-Mauriac, Paris XIIIe

Du mardi au samedi 10h > 19h Dimanche 13h >19h

Fermeture les lundis et jours fériés Entrée libre

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