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Pascal Quignard, fragments d'une écriture.

La Bibliothèque nationale de France célèbre le don exceptionnel que lui a consenti Pascal Quignard en 2018, en consacrant une exposition à l’auteur de Tous les matins du monde et Villa Amalia, Prix Goncourt 2002 pour Les ombres errantes. Manuscrits, correspondances, photographies, peintures, éditions rares... Une centaine de pièces, présentées au public pour la première fois, invitent à voyager dans l’œuvre singulière de l’une des figures incontournables des lettres françaises contemporaines. 

Né en 1948 à Verneuil-sur-Avre, Pascal Quignard passe ses jeunes années au Havre parmi les ruines d’une ville ravagée par la guerre, où son père est professeur de lettres classiques au lycée. Étudiant en philosophie à l’université de Nanterre pendant les événements de mai 1968, le tout jeune auteur d’un essai sur Sacher-Masoch, L’ère du balbutiement, est aussitôt publié par Louis-René des Forêts. À la demande de Paul Celan, Quignard traduit ensuite la dernière des tragédies grecques antiques, Alexandra de Lycophron, travail dont le carnet manuscrit est exceptionnellement présenté en Galerie des donateurs. 

Auteur d’une œuvre romanesque abondante au cours des années 1970 et 1980, Pascal Quignard est réellement découvert par le grand public en 1991 avec la publication de son récit Tous les matins du monde adapté la même année au cinéma par Alain Corneau et couronné de sept César. L’évocation du regret insurmontable d’un musicien, Monsieur de Sainte-Colombe, fut l’occasion pour le public français de découvrir l’expressivité bouleversante de la musique baroque, tout en démontrant le talent magistral d’un auteur dans l’évocation des sensibilités humaines. Grâce à un prêt de l’écrivain, le manuscrit autographe du texte est ici exposé pour la première fois. 

Ayant fait le choix d’abandonner toute responsabilité éditoriale en se retirant sur les bords de l’Yonne, Pascal Quignard se consacre entièrement à l’écriture depuis 1994. Brouillant les frontières entre les genres littéraires, l’auteur accumule dans ses publications des fragments d’essais, et de narration. L’exemple le plus significatif de cette écriture est le premier volume de son cycle Dernier Royaume, Les Ombres errantes, qui obtient le prix Goncourt en 2002. 

Pascal Quignard a pour habitude de brûler l’essentiel de ses manuscrits une fois l’œuvre publiée, ce qui confère une valeur particulière à ceux qu’il a choisis de donner à la BnF. Demeurent souvent des feuillets épars, enluminés par l’auteur lui-même, qui laisse son pinceau s’engager dans de puissantes allégories. De nombreux témoignages de cette activité méconnue de l’écrivain sont présentés dans l’exposition, aux côtés d’un ensemble de correspondances échangées aussi bien avec des célébrités qu’avec des anonymes, mais aussi des éditions de ses œuvres, tel le grand folio de L’Amour conjugal aquarellé par Pierre Skira en 1994. 

Épargné des flammes, le manuscrit de Boutès, enluminé par Pascal Quignard en 2008, est un témoignage unique de son procédé d’écriture. Il forme la pièce principale de l’hommage rendu à cet explorateur infatigable de l’expérience humaine. Ainsi, une écriture discontinue vient dialoguer avec les fragments des manuscrits subsistants pour éclairer les grands moments d’une carrière littéraire exceptionnelle. 

Exposition 

Pascal Quignard 

Fragments d’une écriture 

8 avril - 7 juin 2020 

Galerie des donateurs 

BnF I François-Mitterrand 

Quai François Mauriac, Paris XIIIe 

Du mardi au samedi 10h > 19h 

Dimanche 13h > 19h 

Fermeture les lundis et jours fériés 

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