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Un Goncourt contre la répression sexuelle au Maroc.

Une tribune rédigée par Leïla Slimani, la lauréate du prix Goncourt 2016, et la réalisatrice Sonia Terrab publiée le 23 septembre dans Le Monde s’oppose au durcissement de la répression sexuelle au Maroc. Les écrivains Tahar Ben Jelloun et Abdellah Taïa sont parmi les près de 500 signataires de ce plaidoyer contre le contrôle des mœurs et pour la légalisation de l’avortement.

Ce collectif demande aux législateurs et aux gouvernants marocains d’ouvrir un débat sur les libertés individuelles et la dépénalisation des relations sexuelles.

« Nous, citoyennes et citoyens marocains, déclarons que nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être », écrivent-ils.

En 2018 au Maroc, 14503 personnes ont été poursuivies au regard de l’article 490 du code pénal, qui punit de prison les relations sexuelles hors des liens du mariage. 3048 personnes ont été incarcérées pour adultère. 

« Chaque jour, dans notre pays, entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués. Faut-il mettre toutes ces personnes en prison ? Leurs complices (médecins, militants associatifs) aussi ? »

Actuellement, le procès de la journaliste Hajar Raissouni, emprisonnée depuis le 31 août pour suspicion d'avortement illégal et de relations sexuelles hors-mariage, est en cours. Malgré l’absence de preuves, elle a été arrêtée alors qu’elle quittait un cabinet médical à Rabat, en compagnie de son fiancé. Le médecin et deux membres du personnel médical ont aussi été arrêtés le même jour.

Une ressortissante suédoise et son amant marocain ont également été arrêtés début septembre et risquent deux ans de prison pour adultère.

« Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement. Nous avons appris à feindre, à composer, à faire semblant. Pour combien de temps encore ? » témoignent les signataires de la tribune.

Tout en rappelant que leur corps leur appartient, et n’appartient à personne d’autre, encore moins à leur père, leur mari, leur entourage ou encore aux yeux des hommes dans la rue ou à l’Etat, les signataires de la tribune estiment que la société marocaine est actuellement assez mûre pour accepter un changement en voie du respect de la vie privée et du droit de chacun de disposer de son corps.

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