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Arsenic et vieux papiers

Après l'Allemagne, qui a mis en quarantaine environ 15.000 titres en mars dernier, la Bibliothèque nationale de France (BnF) a annoncé avoir retiré quatre livres de ses étagères pour le même motif : la présence d'arsenic sur leur couverture, leur tranche et leur page de garde. Selon les recherches menées par le Poison Book Project, un programme germano-américain, cette substance toxique était utilisée entre les années 1790 et 1880 pour la couleur verte qu'elle apportait aux ouvrages.

Connue sous les noms de "vert de Paris" ou "vert de Schweinfurt" (du nom d'une ville bavaroise où elle était commercialisée), cette teinture était répandue dans les pays anglophones, en Allemagne et en France. Bien que son utilisation n'ait pas été malveillante, le magazine Géo souligne qu'elle servait également à tuer les rats dans les égouts de Paris. La dangerosité de l'arsenic a conduit à son abandon à la fin du XIXe siècle, mais les livres contaminés continuent de circuler.

Les quatre ouvrages identifiés par la BnF ont tous été imprimés en Grande-Bretagne. Ils comprennent deux tomes de ballades irlandaises rassemblées par Edward Hayes en 1855, une anthologie bilingue de poésie roumaine publiée par Henry Stanley en 1856, et un recueil des travaux de la Société royale d'horticulture britannique pour la période 1862-1863. Selon la BnF, ces livres sont très peu consultés. Sont-ils dangereux pour la santé ?

Jean-Claude Alvarès, directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches (Hauts-de-Seine), interviewé par Le Parisien, affirme que la quantité d'arsenic sur ces livres est faible. Cependant, un risque subsiste en cas de contact prolongé, régulier ou répété, car la substance ne se dégrade pas avec le temps. Les personnes qui inhalent l'arsenic ou humidifient leurs doigts après avoir touché les pages peuvent éprouver des étourdissements, des crampes d'estomac, voire des diarrhées.

La BnF n'est probablement pas la seule bibliothèque concernée à Paris ou en France. Début avril, le syndicat SNPTES-Unsa a écrit au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour demander "une action d’inventaire et de mise en quarantaine" dans les bibliothèques universitaires et les centres de documentation sous sa responsabilité. Cette démarche a déjà commencé à la Sorbonne, où 70 volumes datant de l'époque concernée ont été identifiés.

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