Adieu, Mazel.

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de l’auteur Luc Maezelle, plus connu sous le pseudonyme Mazel, survenu dans la nuit du 19 au 20 juin. Cet éminent artiste, dont la carrière a marqué l’histoire de la bande dessinée, laisse derrière lui un héritage artistique considérable et une communauté de lecteurs et d’amateurs en deuil.

Luc Maezelle, né le 27 juin 1931 à Herentals en Belgique, a passé une enfance enchantée par les récits d’aventures de Jules Verne et d’Alexandre Dumas que son père lui lisait le soir. C’est dans ce cadre familial empreint de littérature et de rêve que s’est forgée sa passion pour les histoires et la narration.

Dès son plus jeune âge, Mazel admire le travail de Jijé, célèbre pour Blondin et Cirage. Cependant, c’est l’œuvre de Morris, créateur de Lucky Luke, qui l’inspire profondément et lui donne l’envie de devenir auteur de bande dessinée. À onze ans, il commence à dessiner en cachette, développant ainsi ses compétences artistiques.

Bien que destiné à une carrière d’architecte, suivant le conseil de ses parents, Mazel intègre l’institut Saint-Luc pour étudier l’architecture. Diplômé, il construit des maisons et occupe ses loisirs à concevoir les décors de pièces de théâtre. C’est justement dans ce milieu théâtral qu’il fait une rencontre déterminante. En dessinant un croquis pour le programme d’une jeune fille, qui se révélera être la nièce du célèbre auteur Sirius, il reçoit l’encouragement nécessaire pour se lancer sérieusement dans la bande dessinée.

Mazel met un mois à dessiner sa première planche et entre à la fin des années 1950 dans le monde de la bande dessinée professionnelle. Il illustre d’abord une Belle Histoire de l’oncle Paul pour le journal Spirou avant de rejoindre Tintin en 1960, où il expérimente plusieurs styles et ébauches de séries, telles que L'Affaire Tarentule et les gags des clochards Bôjolet et Riesling. En parallèle, il collabore avec PILOTE sous le pseudonyme Zem, illustrant l’agent secret « O.K. 27.43 ».

Son goût pour l’aventure et le panache trouve une expression parfaite en 1966 avec le lancement des mousquetaires Fleurdelys et Patacrac, sur un scénario de Vicq. C’est à ce moment-là que Mazel trouve véritablement sa voie.

En 1969, une nouvelle étape marquante de sa carrière débute lorsque Charles Dupuis lui propose de travailler avec Raoul Cauvin. Ensemble, ils créent pour Spirou la série Câline et Calebasse, mettant en scène un d’Artagnan de fantaisie et sa jument irascible. Cette série est suivie par Boulouloum et Guiliguili (renommés plus tard Kaloum et Kong dans Les Jungles perdues), racontant les aventures d’un petit Tarzan et son gorille.

Poursuivant ses innovations, Mazel utilise le pseudonyme Mavericq pour lancer Coyote Bill, un western humoristique dans PIF, tout en collaborant discrètement au studio Greg pour la série Les As. En 1981, pour Spirou, il anime brièvement Jessie Jane, une héroïne du Far West, avant de relancer Câline et Calebasse sous le nouveau titre Les Mousquetaires en 1989, dont il assume cette fois le scénario.

En 1993, Mazel et Cauvin se tournent vers une nouvelle série, Les Paparazzi, qui met en scène un couple de reporters-photographes affrontant mille et un déboires, au grand plaisir du public. Mazel était également l’auteur complet de La Première Femme de Barbe Bleue chez Pandamp;T Productions en 1997.

Luc Maezelle, alias Mazel, a enrichi la bande dessinée de nombreuses créations qui ont ravi et fasciné des générations de lecteurs. Sa contribution artistique et son style unique continueront de vivre à travers ses œuvres.

Nous pensons particulièrement à ses proches en ces moments de tristesse : sa fille Colette, son fils Guy, ses petites-filles Joy (prénom qu’il a repris pour son héroïne dans Les Paparazzi) et Maya, ainsi que son épouse Évelyne. Le monde de la bande dessinée perd un grand artiste, mais son héritage demeurera à jamais dans le cœur de ses admirateurs.