Claude Gros de Boze : un érudit et collectionneur exceptionnel du XVIIIe siècle.

Claude Gros de Boze, l’un des plus grands collectionneurs français et antiquaire du XVIIIe siècle, a marqué l'histoire par son érudition et son goût prononcé pour les livres rares et les antiquités. Né à Lyon en janvier 1680, il est issu d'une famille notable : son père, Jacques Gros, était conseiller du Roi et notaire, et sa mère, Marie de Boze, appartenait également à la bourgeoisie lyonnaise.

Après des études à Lyon et à Paris, Claude Gros de Boze s'établit dans la capitale vers 1700. Son talent et ses connaissances lui attirent le soutien de Nicolas-Joseph Foucault, ce qui lui permet de devenir en 1705 pensionnaire de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Dès l'année suivante, il est nommé secrétaire perpétuel de cette institution prestigieuse. En 1715, il succède à Fénelon en tant que membre de l'Académie française et est reçu par André Dacier le 30 mars de la même année, marquant ainsi la dernière élection sous le règne de Louis XIV. Durant son mandat, il accueillera de nombreux nouveaux membres, tels que Moncrif, Dupré de Saint-Maur, Gresset, et Paulmy d’Argenson.

En 1719, Claude Gros de Boze est nommé garde du Cabinet des médailles et antiques, un poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. Avec l'aide de son élève et assistant Jean-Jacques Barthélemy, il met au point une méthode de classement des médailles et réalise un inventaire détaillé des pièces précieuses du Cabinet du roi en 1723. Il est élu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1727 et devient membre de la Royal Society le 6 avril 1749. Entre 1745 et 1747, il est chargé de l'inspection de la Librairie du royaume, une position qui témoigne de son immense influence dans le domaine de la bibliophilie.

L'amour de Claude Gros de Boze pour les livres se manifeste dès son jeune âge, et il constitue une bibliothèque personnelle remarquable. Son érudition et son goût raffiné le conduisent à réunir des ouvrages parmi les plus rares, des plus belles éditions et en parfait état de conservation. Sa collection surpasse même celle de nombreuses bibliothèques publiques de l'époque, et il est reconnu comme l'un des premiers grands collectionneurs d'incunables en France.

Pour organiser sa vaste collection, il fait appel au libraire parisien Jean Boudot, qui établit un catalogue manuscrit de sa bibliothèque, d'abord en latin en 1729, puis en français en 1737. Ce catalogue aurait été discrètement imprimé en un petit nombre d'exemplaires par son ami Jacques Anisson, dit Anisson-Duperron, directeur de l’Imprimerie royale. Le catalogue de la bibliothèque de Gros de Boze devient une référence pour les collectionneurs et les bibliophiles de son temps.

À sa mort, sa précieuse bibliothèque est mise en vente et acquise en bloc par Jules-François de Cotte et les financiers Boutin, qui en revendent une partie l'année suivante. 

Claude Gros de Boze a laissé un héritage durable dans le domaine de la collection et de l'étude des antiquités et des livres rares. Son travail de classification des médailles et son dévouement à l'enrichissement de sa bibliothèque personnelle illustrent l'importance de la préservation et de la valorisation du patrimoine culturel. Sa vie et son œuvre continuent d'inspirer les collectionneurs et les érudits contemporains.