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L'évolution des comic books américains, de l'origine à la culture geek.
Les débuts de la bande dessinée américaine
La bande dessinée américaine, souvent désignée sous le terme « comic book », a des racines profondes qui remontent à l'importation en 1842 des aventures de Monsieur Vieux-Bois de Rodolphe Töpffer. Publiée dans le supplément du Brother Jonathan, cette œuvre a ouvert la voie à de nombreux artistes américains tels que James A. et Donald F. Read avec Journey to the Gold Diggins by Jeremiah Saddlebags (1849) et Philip Cozans avec Adventures of Mr. Tom Plump (1850). Ces premières bandes dessinées étaient intimement liées à la presse, se développant dans les suppléments des revues et les comic strips des journaux dominicaux, comme en témoignent les œuvres de Richard Felton Outcault avec Yellow Kid et Buster Brown, ou encore les rêveries de Little Nemo de Winsor McCay.
L'émergence du comic book autonome
Ce n’est qu’au milieu des années 1930 que le comic book a pris sa forme actuelle, devenant un fascicule autonome avec des bandes dessinées inédites. New Comics (1935), composé de bandes dessinées d’aventure et d’humour, est souvent considéré comme le premier exemple de ce nouveau format. Selon Jean-Paul Gabilliet, ce processus d'autonomisation s'est déroulé en trois étapes : la réédition de planches parues dans la presse, la monétisation de ces rééditions, et enfin la création de bandes dessinées inédites.
Les influences des pulps et la naissance des super-héros
Les pulps, magazines populaires de fiction fantastique, policière, de science-fiction ou de western, ont fortement influencé les comic books, amenant une segmentation thématique marquée. Cela a conduit à l'apparition de super-héros emblématiques comme Superman (Action Comics No.1, 1938) et Batman (Detective Comics No.27, 1939), qui ont défini l'identité des comics. Cependant, le comic book des premières décennies offrait une diversité de contenus, allant des Funny Animals Comics promus par Walt Disney et Warner Bros. aux récits pédagogiques retraçant l'histoire américaine, et aux histoires de guerre et d’horreur comme Military Comics (1941) et Tales from the Crypt (1950).
Le Comic Code et la régulation de l’industrie
La montée des critiques envers les comics, notamment avec la parution de Seduction of the Innocent par Fredric Wertham en 1954, a conduit à la création de la Comics Magazine Association of America et du Comics Code en 1955. Ce code imposait des restrictions sévères sur les contenus, proscrivant violence et érotisme, et renforçant la position dominante des super-héros dans la production de comics.
L'âge d'argent et la renaissance des super-héros
Les années 1960 ont vu une nouvelle vague de super-héros, particulièrement chez Marvel avec des créateurs comme Jack Kirby et Stan Lee. Ils ont introduit des personnages emblématiques comme les Fantastic Four, Thor, les Avengers, les X-Men, et Spider-Man, dont les aventures continuent aujourd'hui. Ces récits étaient marqués par une dynamique sérielle, où les personnages revenaient régulièrement, créant des univers de fiction interconnectés, comme les DC et Marvel Universes.
L'impact de la culture underground et la reconnaissance des créateurs
Les années 1960 ont également vu l'émergence d'une bande dessinée indépendante, issue de la culture underground, en réaction aux politiques éditoriales restrictives des grandes maisons comme DC et Marvel. Des créateurs comme Robert Crumb avec Zap Comix ont prôné une plus grande liberté artistique, abordant des thèmes subversifs et contestataires. Cette mouvance a influencé même les comics mainstream, permettant à des œuvres comme Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons et The Dark Knight Returns de Frank Miller de voir le jour.
La légitimation critique et l'évolution du lectorat
L'essor des graphic novels dans les années 1980, avec des œuvres comme Maus d'Art Spiegelman, a marqué une reconnaissance critique des comics, désormais perçus comme un médium mature capable d'aborder des sujets complexes et de longue durée. Le développement de labels comme Vertigo chez DC et Marvel Icon a permis aux auteurs de conserver leurs droits sur leurs créations, contribuant à une diversification des genres et des formats.
La convergence culturelle et l'ère des reboots
Aujourd'hui, les comics sont intégrés dans une culture geek plus large, embrassant une variété de médias. Les reboots, les réécritures et les crossovers sont devenus des stratégies courantes pour maintenir l'intérêt des fans et revitaliser les séries. Cette complexification des récits, associée à une culture du détail et de la référence, témoigne de la maturation d'un public de plus en plus érudit et actif, participant à la production et à la diffusion des comics.
Conclusion
De ses débuts modestes dans les suppléments de journaux à son intégration dans la culture geek globale, le comic book américain a traversé de nombreuses transformations. Chaque étape de son évolution a été marquée par des innovations éditoriales, des mouvements culturels et des changements dans le public et les créateurs. Aujourd'hui, les comics continuent de captiver l'imagination, affirmant leur place unique dans le paysage culturel contemporain.
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