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La Société des Bibliophiles françois gardienne des trésors littéraires et historiques.
Une société de bibliophiles aux objectifs uniques
Fondée en 1820, la Société des Bibliophiles François est la plus ancienne des sociétés de bibliophiles françaises, et incarne un modèle d’excellence. Si sa création fait suite à une vague de sociétés bibliophiliques en France et en Europe, elle se distingue par ses objectifs bien précis : imprimer des ouvrages inédits ou réimprimer des œuvres rares, et non publier des livres d’art richement illustrés comme le feront d'autres cercles par la suite. Dès ses débuts, la Société se différencie par l’érudition de ses membres et par son attachement à une approche rigoureuse de la bibliophilie, plus académique qu’esthétique.
Les fondateurs et membres : une élite érudite
La Société des Bibliophiles François fut le fruit des efforts de grands amateurs de livres tels que MM. de Chateaugiron, de Pixerécourt, Walckenaër et de Malartic, qui souhaitaient imprimer ou réimprimer des ouvrages d’une rareté exceptionnelle. Ces hommes possédaient des bibliothèques riches en manuscrits et archives familiales, et leur vision façonna l’orientation de la Société. Parmi les premiers membres, on comptait également des figures de la noblesse, comme le duc d'Aumale, des bourgeois influents comme Jules Janin et même quelques femmes, chose rare à l’époque, notamment la marquise de l’Aigle et la duchesse de Clermont-Tonnerre.
Un cercle restreint dédié aux ouvrages rares
La Société des Bibliophiles François n’ouvrait pas ses portes à tout le monde. Les membres devaient être des bibliophiles avertis, capables d’apporter des manuscrits précieux ou d’importantes trouvailles historiques. Contrairement à d’autres sociétés bibliophiliques qui mettaient en avant la beauté des livres illustrés, la Société des Bibliophiles François privilégiait la valeur intrinsèque des textes. C’est ainsi que furent publiés des ouvrages aussi divers que les Commentaires de la Guerre Gallique ou encore Roti-Cochon, manuel du XVIIᵉ siècle destiné à l’apprentissage de la lecture.
Un fonctionnement rigoureux et une gestion exemplaire
Le fonctionnement de la Société se distinguait par son originalité. Au départ, aucun président n'était désigné : les membres fondateurs dirigeaient à tour de rôle les débats. Ce n'est qu'en 1844 que le baron Jérôme Pichon fut élu président, poste qu'il occupa pendant cinquante ans. C'est sous sa présidence que la Société connut un véritable essor, multipliant les publications de grande qualité. Les membres se réunissaient régulièrement, et les cotisations annuelles de 200 francs permettaient de financer l’impression des ouvrages, qui étaient tirés en très peu d’exemplaires, souvent uniquement destinés aux membres.
Les œuvres publiées : une richesse inestimable
La Société des Bibliophiles François publia moins de cinquante ouvrages au cours de son histoire, mais chacun d’eux est devenu un objet de convoitise pour les collectionneurs. Parmi les publications les plus remarquables figure l’édition des Commentaires de la Guerre Gallique, un véritable chef-d’œuvre tiré à seulement 31 exemplaires. Ce projet monumental, conduit sous la présidence du duc d’Aumale, reflète parfaitement la mission de la Société : rassembler des textes anciens et les rendre accessibles à une poignée de bibliophiles éclairés.
Les réunions et les banquets : des moments conviviaux entre érudits
Les membres de la Société se retrouvaient tous les quinze jours pour échanger autour de leurs découvertes bibliophiliques. Les réunions se tenaient souvent dans le salon d'un membre, où chacun retrouvait son "fauteuil" numéroté. Un des événements les plus marquants était le banquet annuel, où le goût pour la gastronomie égalait celui des livres rares. Le banquet organisé par Prosper Mérimée reste célèbre, tant pour l’opulence des plats que pour l’ambiance conviviale qui régnait entre ces amateurs éclairés.
Le baron Jérôme Pichon : une figure centrale
Le rôle du baron Jérôme Pichon dans le développement de la Société ne peut être sous-estimé. Sous sa présidence, la Société publia certaines des œuvres les plus marquantes de la bibliophilie française du XIXᵉ siècle. Ses contributions à la Société permirent de maintenir un niveau d’exigence très élevé, que ce soit pour la qualité des impressions ou pour les choix typographiques. Il accueillit les réunions dans son hôtel particulier, et donna à la Société une structure formelle avec l’élection annuelle d’un bureau composé d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier.
Les Commentaires de la Guerre Gallique : une œuvre majeure de la Société
L’édition des Commentaires de la Guerre Gallique, publiée en 1894, est sans doute l’un des ouvrages les plus prestigieux de la Société des Bibliophiles François. Ornée de portraits, de miniatures et de cartes, cette réimpression de l’œuvre de Jules César est un exemple parfait du travail minutieux et érudit que la Société entreprenait. L’histoire même des trois volumes, dispersés dans différentes bibliothèques européennes avant d’être réunis pour l’impression, reflète l’engagement des membres à préserver des trésors littéraires.
Un héritage bibliophilique exceptionnel
Aujourd'hui, les ouvrages publiés par la Société des Bibliophiles François sont rares et hautement prisés. Leur valeur réside non seulement dans la qualité des textes, mais aussi dans la rigueur avec laquelle ils ont été imprimés. Chaque livre est un témoignage du soin apporté à la typographie, à la composition, et parfois à l’illustration. Les bibliophiles d'aujourd'hui reconnaissent l'importance historique de ces publications, qui ont contribué à préserver et à mettre en lumière des trésors de la littérature et de l'histoire française.
Conclusion
La Société des Bibliophiles François a joué un rôle déterminant dans l’histoire de la bibliophilie française. Son approche érudite, son souci de la perfection et son engagement à publier des ouvrages rares ont fait d’elle une institution unique. Grâce à des personnalités influentes comme le baron Pichon et le duc d’Aumale, la Société a su maintenir un niveau d’exigence élevé tout au long de son existence, laissant un héritage durable dans le monde des bibliophiles et des amateurs de livres anciens.
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