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Le duc d'Aumale, un des plus grands bibliophiles.
Parmi les figures marquantes du XIXe siècle français, le duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe, se distingue non seulement par son parcours politique et militaire, mais aussi par sa passion inégalée pour les livres et les manuscrits. Reconnu comme l’un des plus grands bibliophiles de son temps, il a constitué une collection exceptionnelle qui demeure aujourd’hui une véritable mine d’or pour les amateurs de littérature, d’histoire et d’art.
Une passion précoce pour les livres
Né en 1822, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, a grandi dans une famille où l’érudition et la culture tenaient une place centrale. Très tôt, il développe un goût prononcé pour les lettres et les arts. Sa passion pour les livres n’est pas simplement celle d’un lecteur averti, mais d’un collectionneur exigeant. Lorsqu’il hérite d’une fortune considérable suite à la mort de son parrain, le prince de Condé, il utilise une grande partie de cet héritage pour acquérir des ouvrages rares et précieux.
La constitution d’une bibliothèque exceptionnelle
Le duc d’Aumale ne collectionne pas les livres de manière aléatoire. Sa bibliothèque, qu’il installe au château de Chantilly, est le fruit d’une recherche méthodique et passionnée. Il s’intéresse particulièrement aux manuscrits médiévaux et de la Renaissance, ainsi qu’aux éditions originales des grands auteurs français et européens.
Parmi les joyaux de sa collection figurent les "Très Riches Heures du duc de Berry", un manuscrit enluminé du XVe siècle réalisé par les frères Limbourg. Considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de l’art médiéval, cet ouvrage illustre à merveille le raffinement et le souci du détail caractéristiques de l’époque. Autre trésor, le manuscrit des "Heures d'Étienne Chevalier", enluminé par Jean Fouquet, témoigne de l’éclat artistique du XVe siècle français.
Le duc acquiert également des livres imprimés rares, notamment des incunables, ces ouvrages produits au début de l’imprimerie, avant 1501. Les "Chroniques de Nuremberg" de Hartmann Schedel et une édition originale des œuvres de Rabelais figurent parmi les pièces les plus remarquables.
Une vie d’exil et un legs exceptionnel
En 1848, la révolution contraint le duc d’Aumale à l’exil. Il s’installe alors en Angleterre, où il poursuit sa collection avec une ferveur intacte. L’éloignement de la France ne fait qu’accentuer son désir de rassembler les plus belles œuvres de la littérature et de l’art. Il profite de ses relations internationales pour enrichir sa bibliothèque, collaborant avec des libraires et des experts de toute l’Europe.
De retour en France après la chute du Second Empire, il décide de faire don de sa collection à l’Institut de France. Ce geste altruiste s’accompagne d’une condition : le château de Chantilly et ses trésors doivent être ouverts au public et préservés dans leur intégrité. Ce legs, réalisé en 1886, fait du domaine de Chantilly un lieu unique, alliant architecture, art et bibliophilie.
L’héritage du duc d’Aumale aujourd’hui
La bibliothèque du duc d’Aumale, conservée au château de Chantilly, est aujourd’hui l’une des plus importantes collections patrimoniales de France. Elle comprend plus de 30 000 volumes, dont 1 500 manuscrits et environ 17 000 éditions rares. Chaque ouvrage témoigne de la passion du duc pour la transmission du savoir et pour la beauté des œuvres littéraires et artistiques.
Outre les "Très Riches Heures du duc de Berry", les visiteurs peuvent admirer des pièces uniques comme le "Livre d’heures de Jeanne d’Évreux" ou encore une rare édition des "Essais" de Montaigne annotée par l’auteur lui-même. Ces trésors font de Chantilly un sanctuaire pour les passionnés d’histoire, de littérature et d’art.
Le duc d’Aumale incarne l’idéal du bibliophile : un homme animé par une curiosité insatiable et un profond respect pour le patrimoine culturel. Son œuvre de collectionneur, magnifiquement préservée au château de Chantilly, continue d’éclairer les générations actuelles et futures. En partageant sa passion avec le public, il a su transformer un goût personnel en un bien commun, offrant à tous la possibilité de découvrir les merveilles de l’histoire et de l’art.
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