Le Musée de la Bande Dessinée à Charleroi : un projet ambitieux pour 2026.

En 2026, Charleroi s’apprête à accueillir un nouveau joyau culturel : le Musée de la Bande Dessinée. Cette initiative vient s’ajouter aux efforts de la ville pour redynamiser son centre-ville et renforcer son identité culturelle, déjà bien ancrée dans le neuvième art.

Charleroi, souvent associée à l’industrie et à la culture ouvrière, est aussi une terre de bande dessinée. Cette réputation est largement due à la présence historique des éditions Dupuis, un acteur majeur de la BD européenne, et aux nombreuses statues de personnages de BD disséminées dans la ville. En se promenant au centre-ville, on peut croiser des figures emblématiques comme Gaston Lagaffe sur la place Verte, le Marsupilami au square Hiernaux, Spirou à la gare Centrale, ou encore Boule et Bill au Stade du Mambourg. Bien que certaines statues, comme Lucky Luke et Spirou et Fantasio, aient récemment été retirées, des discussions sont en cours pour leur retour sous une forme modernisée.

Le projet de ce nouveau musée, surnommé le « Palais de la Bande Dessinée », avance à grands pas. Installé dans l’annexe vitrée du Palais des Beaux-Arts (PBA), il remplacera l’ancienne médiathèque et le Musée des Beaux-Arts. Cette annexe, située du côté de l’ancienne esplanade des bus, sera transformée en un centre entièrement dédié à la BD. Marie Noble, une des figures de proue du projet, souligne l’engagement et la collaboration entre plusieurs partenaires locaux, dont le BPS22, le Vecteur, l’équipe du festival Papier Carbone et l’ULB-La Cambre.

Le musée se déploiera sur trois étages, chacun ayant une fonction distincte. Le premier étage sera consacré à une exposition permanente retraçant l’histoire de la BD et son ancrage à Charleroi. Cette section est particulièrement avancée grâce à l’investissement de la ville et l’engagement d’un scénographe. Le deuxième étage sera dédié à des expositions temporaires, permettant ainsi une rotation régulière de thèmes et de travaux d’artistes. Enfin, le troisième étage abritera un studio de création en narration séquentielle, offrant un espace de travail et d’innovation pour les créateurs contemporains.

La ville de Charleroi a toujours eu une relation privilégiée avec la bande dessinée, en grande partie grâce à l’école de Marcinelle, également connue sous le nom d’école de Charleroi. Cette école, née des éditions Dupuis fondées par Jean Dupuis en 1898, se distingue par ses dessins expressifs et caricaturaux et ses récits fantaisistes, contrastant avec le style plus réaliste de l’école de Bruxelles associée au journal Tintin.

Jean Dupuis, un entrepreneur visionnaire, a su transformer une petite imprimerie en une maison d’édition influente, malgré les obstacles tels qu’un incendie dévastateur et deux guerres mondiales. Son esprit familial et ses valeurs catholiques l’ont conduit à lancer le journal Spirou, confié à ses fils, en 1938. Ce journal, avec son personnage espiègle et bienveillant, est rapidement devenu un champion de la bonne humeur et un modèle pour les jeunes.

Après la Seconde Guerre mondiale, Spirou a connu une renaissance grâce à des artistes comme Rob-Vel, Jijé, Franquin, et Morris, qui ont insufflé une nouvelle énergie au journal. Cette période a vu la naissance de personnages emblématiques tels que Gaston Lagaffe et Lucky Luke. Le succès fut tel que des talents comme Peyo (Les Schtroumpfs) et Roba (Boule et Bill) se sont bousculés pour y contribuer.

Aujourd’hui, malgré le rachat par Média-Participations en 2004, les éditions Dupuis restent profondément enracinées à Marcinelle. Ce lien fort avec Charleroi, ses valeurs ouvrières et sa résilience, continue d’influencer le monde de la bande dessinée. Le futur Musée de la Bande Dessinée promet de célébrer cet héritage, tout en offrant une plateforme pour les talents de demain, assurant ainsi la pérennité de cette riche tradition culturelle.

Avec l’ouverture de ce musée, Charleroi réaffirme son statut de capitale de la bande dessinée, honorant son passé tout en regardant résolument vers l’avenir. Le Palais de la Bande Dessinée sera non seulement un hommage à l’héritage de Dupuis et de l’école de Marcinelle, mais aussi un espace dynamique et interactif pour les amateurs et les créateurs de bandes dessinées du monde entier.