À la croisée des chemins entre l’artisanat d’exception et la quête esthétique, la figure de Marius-Michel s’impose...
L’émergence de la bande dessinée en Belgique francophone avant Hergé.
La bande dessinée est aujourd’hui un art reconnu internationalement, et la Belgique, particulièrement avec la création de Tintin par Hergé en 1929, est souvent considérée comme l’un des berceaux de ce média. Toutefois, bien avant l’apparition du célèbre reporter, le XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été témoins de prémices remarquables dans l’histoire de la bande dessinée en Belgique francophone.
Les premiers pas de la bande dessinée en Belgique
Les débuts de la bande dessinée en Belgique sont souvent éclipsés par les figures majeures qui émergeront plus tard, comme Hergé ou Peyo. Cependant, dès les premières décennies du XIXe siècle, des formes d’art séquentiel commencent à apparaître. L'une des premières grandes questions que l'on se pose lorsqu'on s'intéresse à cette période est : la Belgique a-t-elle vu naître des œuvres de bande dessinée avant l'explosion des années 1930 ?
Certes, de nombreuses études sur la bande dessinée en Belgique se concentrent principalement sur l’époque après Hergé, et peu de travaux explorent les créations locales ou la réception des productions étrangères avant cette période. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle qu’un intérêt académique pour ces œuvres émerge, comme en témoigne des ouvrages tels que Introduction à la bande dessinée belge publié en 1968, bien qu'il ne fasse aucune mention des productions du XIXe siècle .
Le « Déluge à Bruxelles » : un jalon méconnu
L'une des œuvres qui se distingue parmi ces premières manifestations de la bande dessinée en Belgique est Le Déluge à Bruxelles de Richard de Querelles. Publié en 1843, cet album peut être considéré comme l'une des premières bandes dessinées belges, bien qu'il ne respecte pas encore toutes les conventions du genre moderne. Ce récit satirique, composé de plusieurs planches séquentielles, dépeint avec humour et satire la ville de Bruxelles à travers le prisme du mythe biblique du déluge. Malgré son originalité et ses qualités narratives, Le Déluge à Bruxelles n'a pas véritablement engendré de tradition spécifique dans la bande dessinée belge et est resté une œuvre isolée .
L’importance de cette œuvre réside principalement dans son approche novatrice. En utilisant la séquentialité des images pour raconter une histoire, elle préfigure les techniques modernes de la bande dessinée. De plus, elle met en lumière l'effervescence culturelle et artistique qui régnait en Belgique au milieu du XIXe siècle, bien avant que le pays ne devienne célèbre pour ses bandes dessinées.
Les journaux illustrés : un terrain fertile
Outre des œuvres comme Le Déluge à Bruxelles, la presse illustrée a joué un rôle crucial dans le développement de la bande dessinée en Belgique. Dès les années 1840, les journaux satiriques commencent à incorporer des illustrations et des récits en images, jetant ainsi les bases d'une forme de narration visuelle. Ces premières bandes dessinées, bien qu'encore éloignées de la bande dessinée moderne telle qu'on la connaît aujourd'hui, marquent une étape importante dans l'évolution de ce médium .
En 1920, le journal Petits Belges publie des histoires fortement inspirées du modèle d’Épinal. Cette publication, bien que limitée dans son ambition artistique, montre que la bande dessinée, sous sa forme la plus simple, commençait à s’enraciner dans la culture populaire belge bien avant les années 1930. Ces publications, bien que souvent ignorées dans les études historiques, témoignent d’un intérêt grandissant pour la bande dessinée au sein du paysage culturel belge .
Une naissance progressive et multiple
L’histoire de la bande dessinée en Belgique francophone avant Hergé n’est pas linéaire. Au contraire, elle se compose d’une multitude de tentatives et d’expérimentations. Les historiens de la bande dessinée se sont longtemps demandé s’il existait une « première » bande dessinée en Belgique, mais il semble aujourd'hui plus juste de parler de plusieurs naissances successives, chaque œuvre apportant son lot d’innovations et de particularités.
Le travail de pionniers tels que Rodolphe Töpffer en Suisse ou Wilhelm Busch en Allemagne a eu une influence notable sur les productions belges de l’époque. Leurs récits séquentiels, souvent publiés sous forme d'albums ou de séries dans les journaux, ont servi de modèle à de nombreux artistes belges, posant ainsi les bases de ce qui deviendra plus tard un pilier de la culture belge : la bande dessinée .
Conclusion
Bien que souvent occultée par les productions postérieures à Hergé, la bande dessinée belge avant 1929 mérite une attention particulière. Des œuvres comme Le Déluge à Bruxelles témoignent d'une riche tradition visuelle et narrative qui s'est développée au XIXe siècle. Les journaux illustrés, les récits satiriques et les premières histoires en images ont posé les fondations de ce qui deviendra une industrie florissante. En revenant sur ces origines, il devient clair que la bande dessinée belge, avant même d'être populaire, était déjà un espace d'innovation et de créativité.
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