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Les Dinky Toys : une nostalgie éternelle, entre passion et enchères record.
Les Dinky Toys, ces célèbres miniatures automobiles qui ont marqué l’imaginaire de générations entières, continuent de susciter l’engouement des collectionneurs. Ces petits objets, initialement conçus comme des jouets, ont franchi les frontières de l’enfance pour devenir des pièces de collection prisées. Retour sur un marché animé par la nostalgie, la rareté, et la quête de perfection.
Une passion empreinte de nostalgie
« Ce marché est toujours animé par une forme de nostalgie », confie Caroline Rivière, commissaire-priseur à la Galerie de Chartres. Les collectionneurs, souvent des hommes âgés de plus de 60 ans, recherchent les modèles de leur enfance : les voitures qu’ils possédaient jadis ou qu’ils auraient rêvé de posséder. Cette quête est souvent synonyme d’une véritable chasse au trésor, car l’objectif ultime est de trouver des modèles à l’état neuf, conservés dans leur boîte d’origine, parfois issus de séries limitées ou de prototypes.
Lorsqu’un lot répond à ces critères d’excellence, les enchères peuvent atteindre des sommets. En décembre 2023, un camion Berliet aux couleurs de la Société Languedocienne de forage pétrolier a été adjugé 1 256 euros. Lors de cette même vente, un break Citroën RTL Luxembourg en parfait état a trouvé preneur pour 1 098 euros, tandis qu’une Dauphine bleu Bobigny, modèle jamais commercialisé et en état impeccable, s’est envolée à 732 euros.
Séries limitées et prototypes : les trésors cachés de Dinky Toys
L’attrait des collectionneurs pour les Dinky Toys réside aussi dans l’histoire de la marque, qui a su, parfois de manière imprévue, créer des modèles d’une rareté exceptionnelle. Olivier Vergne, expert en jouets anciens, explique : « Les prototypes, souvent issus de tests de couleurs ou d’essais techniques, ont parfois été conservés par les employés ou même jetés. Ces pièces uniques ressurgissent aujourd’hui, pour le plus grand bonheur des passionnés. »
Dinky Toys a également produit des séries spéciales pour des entreprises ou des clubs de collectionneurs. Ces créations, souvent en petites quantités, sont devenues des graals pour les amateurs. En 2018, une fourgonnette Citroën 2CV marquée « Philips », modèle supposé unique, a été adjugée à 14 664 euros à Nîmes. Ce modèle provenait de la collection de Robert Goirand, un visiteur assidu de l’usine de Bobigny, qui avait accumulé au fil des ans plusieurs prototypes. Un autre exemple marquant est l’autocar Isobloc aux couleurs d’Air France, vendu 8 798 euros en 2024. Ce modèle, issu d’une collaboration avortée avec la compagnie aérienne, est une pièce exceptionnelle par son histoire autant que par sa rareté.
Un marché exigeant et sélectif
Le marché des Dinky Toys est impitoyable. « Un modèle en boîte et jamais joué peut valoir 200 euros, mais avec un petit défaut, sa cote tombe à 20 euros », précise Olivier Vergne. Il n’existe pas de véritable marché pour les modèles « intermédiaires » ; soit ils sont parfaits, soit leur valeur chute drastiquement.
Cette rigueur s’explique aussi par l’impact des reproductions modernes, notamment celles produites par Atlas dans les années 2010. Ces rééditions, bien que qualitatives, ont parfois nui à l’attrait des modèles anciens en rendant certaines pièces moins exclusives. « Les collectionneurs, très attachés à l’authenticité, n’ont pas apprécié cette prolifération », note Caroline Rivière.
Malgré cela, les ventes continuent d’attirer de nombreux amateurs. La Galerie de Chartres, par exemple, propose régulièrement plusieurs centaines de lots issus de collections complètes ou partielles. Ces ventes permettent aux collectionneurs chevronnés d’acquérir des pièces en meilleur état, mais elles témoignent aussi d’un phénomène particulier : beaucoup de passionnés arrivent au bout de leur quête et passent à d’autres centres d’intérêt.
Vers un renouvellement générationnel ?
Une question cruciale se pose pour l’avenir du marché des Dinky Toys : celui-ci peut-il se renouveler ? Les collectionneurs actuels, majoritairement des sexagénaires et septuagénaires, peinent à transmettre leur passion. « Je ne connais qu’un seul cas où un père a transmis cette passion à son fils », regrette Olivier Vergne. Les nouvelles générations semblent plus attirées par les Playmobil, les figurines Star Wars vintage ou encore les voitures miniatures d’autres marques.
Caroline Rivière note toutefois un intérêt croissant parmi les quadragénaires et quinquagénaires pour des modèles au 1/43e, mais issus de marques alternatives comme Yonezawa, Solido, ou encore des productions de l’ex-URSS. Pour ces nouveaux venus, la nostalgie opère également, mais elle s’attache à des modèles plus récents, notamment ceux des années 1980.
Une passion intemporelle, mais fragile
Les Dinky Toys incarnent bien plus que de simples objets de collection : ils sont les témoins d’une époque et les gardiens des souvenirs d’enfance de leurs propriétaires. Toutefois, ce marché reste à la croisée des chemins, oscillant entre une clientèle fidèle mais vieillissante et l’espoir d’attirer une nouvelle génération d’amateurs.
Qu’il s’agisse de séries limitées, de prototypes ou de modèles emblématiques, les enchères démontrent que l’aura des Dinky Toys demeure intacte. Mais l’avenir de ce patrimoine miniature dépendra de la capacité des passionnés à partager cette histoire fascinante avec les générations à venir.
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