Marc-Claude de Buttet, poète oublié de la Savoie.

Marc-Claude de Buttet est issu d’une ancienne famille savoyarde. Au XIVe siècle, Jean de Buttet, originaire d'Ugine, avait rejoint le château du Bourget pour exercer la fonction de secrétaire des comtes de Savoie. Marc-Claude naît vers 1530 à Chambéry, soit dans une maison près de Saint François (dans l’actuelle rue Métropole), soit dans la propriété familiale de Tresserve sur le lac du Bourget. Alors qu’il est encore jeune, la Savoie est occupée par François Ier et devient un territoire français pendant 25 ans.

Les années de formation

Peu de choses sont connues de ses années de jeunesse. Ses parents souhaitaient qu'il devienne magistrat, mais il préférait les lettres et partit à Paris pour poursuivre ses études auprès de Jean Dorat, érudit professeur de Ronsard et de Du Bellay, qui lui enseigna le grec et le latin. Ronsard, dans un des poèmes du livre II des Amours, le qualifie de « docte » :

Docte Buttet, qui as montré la voye
Aux tiens de suivre Apollon et son Chœur,
Qui le premier t’espoinçonnant le cœur,
Te fist chanter sur les mons de Savoye…

La débâcle savoisienne

Marc-Claude de Buttet est le premier à utiliser le terme « Savoisien » à la suite de son nom. Sa carrière littéraire débute par un ouvrage polémique de soutien à la Savoie. En 1554, à Lyon, il publie chez Angelin Benoist L’Apologie pour la Savoie, une défense vigoureuse du Duché contre les attaques de Barthélémy Aneau, principal du Collège de la Trinité à Lyon, qui avait traité les Savoisiens de sauvages et de barbares. Barthélémy Aneau finit assassiné en 1565, accusé de protestantisme et de sacrilège.

Buttet et La Pléiade

La plaque apposée par les Amis du Vieux Chambéry à l’emplacement de la maison des Buttet, rue Métropole à Chambéry, mentionne qu’il était un poète de la Pléiade. Bien que Buttet n’ait jamais fait officiellement partie de ce groupe, il côtoya plusieurs de ses membres tels que Pierre Ronsard, Jean Antoine de Baïf, Guillaume des Autels et Peletier du Mans. Ce dernier loue Buttet dans son poème sur la Savoie et Buttet lui répondra dans l’Amalthée en comparant le Divin Peletier à Orphée.

La reconnaissance et la protection

La reconnaissance de Marc-Claude de Buttet par ses contemporains ne fut pas immédiate. Ce n’est qu’en obtenant la protection de Marguerite de Valois, fille de François Ier et de Louise de Savoie, qu'il fut véritablement reconnu. Lorsqu’elle épousa Emmanuel-Philibert de Savoie, Ronsard plaça un quatrain de Buttet en tête du recueil des Amours (1560). Cette protection permit à Buttet de quitter Paris pour suivre Marguerite à Chambéry, avant que le siège ducal ne soit transféré à Turin en 1562.

L'Amalthée et ses œuvres

Buttet resta en Savoie, animant un cercle de poètes à Tresserve. Sa production littéraire fut abondante mais peu de ses œuvres furent publiées de son vivant. Dans la préface de l’Amalthée, Louis de Richevaux mentionne des poèmes héroïques intitulés Idylle à l’imitation de Théocrite, cinq volumes de vers lyriques, un livre sur les plus illustres personnages de Savoie, trois traités, et une traduction rimée de Job, parmi d'autres œuvres.

l’Amalthée est son œuvre principale. Publiée en 1560-61 chez Michel Fézandat, cette édition est aujourd’hui introuvable. L’édition de 1575, la première séparée, ajouta cent quatre-vingt-douze sonnets et un dizain aux cent vingt-huit poèmes initiaux. Cet exemplaire a rejoint très récemment la bibliothèque de Richevaux. Malgré la qualité de l’impression, Buttet n’en fut pas totalement satisfait. Une troisième édition était envisagée mais ne vit jamais le jour de son vivant.

Style et influence

La poésie de Buttet est très savante, remplie d’allusions mythologiques. Influencé par la culture italienne, il emprunte à Pétrarque et à Dante. Son Amalthée fait référence à la fille du roi de Crète qui allaita Zeus. Les vers de Buttet, bien que moins mélodieux que ceux de Ronsard ou Du Bellay, contiennent des passages agréables. Ses sonnets sont principalement de dix pieds, avec quelques alexandrins.

Buttet se distingue également par ses thèmes nostalgiques et épicuriens. Il exprime ses regrets de Paris et sa nostalgie pour ses amours passées et ses amis restés en France. Ses vers évoquent parfois la beauté de son pays natal, Chambéry et les rives de Tresserve.

Une œuvre oubliée

Malgré sa riche production littéraire, Marc-Claude de Buttet fut complètement oublié après sa mort survenue à Genève le 10 août 1586. Il fut redécouvert seulement trois siècles plus tard. Son œuvre, bien que savante, reste un témoignage précieux de la poésie du XVIe siècle et de l’influence italienne sur la littérature française.

Marc-Claude de Buttet, poète savoisien, mérite une place parmi les grands noms de la Renaissance française. Sa poésie, empreinte de nostalgie et d’érudition, témoigne de la richesse culturelle de son époque. Grâce à des amis comme Louis de Richevaux, ses œuvres ont pu traverser les siècles et nous rappeler la beauté et la complexité de la poésie du XVIe siècle.