Près de la frontière ukraino-polonaise, une saisie peu commune de livres anciens.

Près de la ville de Krakovets, à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne, la douane ukrainienne a récemment réalisé une saisie inhabituelle en interceptant deux ouvrages anciens. Ces livres religieux, remontant aux XVIIe et XVIIIe siècles, suscitent un intérêt particulier en raison de leur valeur historique et culturelle. Selon les informations partagées par le Service national des gardes-frontières d'Ukraine, les livres étaient simplement emballés dans du tissu et transportés dans un sac de voyage.

La propriétaire du sac, qui tentait de faire passer les ouvrages en Pologne, n'a pas précisé ses intentions concernant ces documents. Les gardes-frontières, quant à eux, ont pris la précaution de confier les livres à un service spécialisé pour une expertise approfondie. Pour l'instant, aucune institution ne s'est manifestée pour réclamer ces précieux ouvrages, ce qui laisse planer un mystère sur leur provenance et leur destination.

La guerre et le patrimoine en péril

Cette saisie met en lumière un problème plus vaste et préoccupant : la menace pesant sur le patrimoine culturel en temps de guerre. Depuis l'agression de l'Ukraine par la Russie, le pays subit de graves pertes dans son patrimoine culturel, notamment écrit. Les zones de conflit deviennent des terrains propices au pillage des institutions culturelles, suivi du trafic et du recel des objets volés.

Dès les premières attaques, l'Unesco a identifié cette menace, rapidement prise en charge par le Conseil international des musées (ICOM). Cette ONG spécialisée a travaillé à la constitution d'une Liste rouge d’urgence des biens culturels en péril en Ukraine. Publiée à la fin de l'année 2022, cette liste recense 53 types d'objets à travers sept catégories, incluant les livres et manuscrits. L'objectif de cette liste est d'aider à identifier les objets culturels pillés et volés en Ukraine lorsqu'ils commenceront à circuler sur le marché international dans les semaines, mois et années à venir.

Une coopération internationale essentielle

La diffusion de cette Liste rouge est cruciale pour combattre le trafic illicite de patrimoine culturel. « La coopération internationale est essentielle pour lutter contre ce trafic illicite de patrimoine culturel », souligne l'ICOM. Pour ce faire, l'ICOM collabore avec des organismes nationaux et internationaux chargés de faire respecter la loi, notamment INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Les douanes ukrainiennes ont été parmi les premières à recevoir une formation spécifique pour traiter cette question.

La saisie des deux ouvrages anciens près de Krakovets n'est pas seulement une affaire de douane, mais un symbole de la lutte plus large pour la préservation du patrimoine culturel en temps de guerre. La vigilance des gardes-frontières ukrainiens et la collaboration internationale jouent un rôle crucial dans la protection de ces trésors culturels. En attendant les résultats de l'expertise et l'identification de l'origine des livres, cet incident rappelle l'importance de protéger le patrimoine écrit contre les dangers du conflit et du trafic illicite.