Le monde de l’art a longtemps réservé ses plus grands honneurs à la peinture, à la sculpture ou encore à la...
Tintin gagne son procès contre le peintre Marabout.
La cour d'appel de Rennes a récemment rendu un verdict marquant dans une affaire opposant la société Tintinimaginatio et le peintre Xavier Marabout. La société, représentant les ayants droit d’Hergé, a obtenu gain de cause, marquant ainsi un point crucial dans la protection de l’intégrité de l’œuvre de l’auteur des célèbres aventures de Tintin.
Xavier Marabout, un artiste français, s'est fait connaître pour ses œuvres combinant des éléments de l'univers d'Hergé avec l'esthétique du peintre américain Edward Hopper. Depuis 2012, Marabout a créé une série de toiles hyperréalistes mettant en scène Tintin et d'autres personnages emblématiques comme Milou, le capitaine Haddock, et Bianca Castafiore, dans des contextes adultes et réalistes, souvent imprégnés d'une touche de sensualité. Parmi ces œuvres figurent des tableaux intitulés "Moulinsart au soleil", "Tintin et Christina", et "Balade amoureuse en Lincoln Zéphyr".
Agissant au nom des ayants droit d’Hergé, Tintinimaginatio, détentrice exclusive des droits d’exploitation de l'œuvre de l'auteur belge, a estimé que les toiles de Marabout portaient atteinte à l’esprit des aventures de Tintin. Les avocats de la société ont mis en avant le fait qu'Hergé avait exprimé son souhait de ne pas inclure de personnages féminins de manière significative dans ses œuvres. En outre, ils ont souligné la présence d’éléments jugés "puissants de sensualité" et de contenus "disruptifs", tels qu’un Tintin lisant un magazine gay ou un Dupond fumant, comme des atteintes à l'intégrité de l'œuvre originale.
Depuis 2005, Xavier Marabout a utilisé des éléments de l'œuvre d'Hergé sans autorisation, procédant de manière similaire à ses précédentes séries comme "Daliberty" et ses "billets d’amour". En 2015, il a été sommé de cesser la commercialisation de ses œuvres inspirées de Tintin. Marabout a plaidé le droit à la parodie, et en mai 2021, il a initialement remporté une victoire juridique. Le tribunal de Rennes avait alors condamné Moulinsart à lui verser 10.000 euros pour le "dénigrement" subi.
Cependant, le 4 juin 2024, la cour d’appel de Rennes a révisé ce jugement. Bien qu'elle ait confirmé qu'il n'y avait pas d'atteinte au droit moral, elle a ordonné à Marabout de cesser toute reproduction et exploitation des personnages de Tintin. Tintinimaginatio a insisté sur le fait que les œuvres transformatrices nécessitent l'accord de l'auteur de l'œuvre première, un accord que Marabout n'a jamais sollicité. La cour a ainsi condamné le peintre à verser 15.000 euros en indemnisation des préjudices commis, ainsi que 5.000 euros pour des actes de parasitisme.
Xavier Marabout a tenté de justifier ses œuvres comme une réflexion sur l'évolution de la société et la liberté d'expression, visant à moderniser les concepts juridiques obsolètes. Il a également réussi à éviter la destruction de ses tableaux incriminés, soulignant que cela constituerait une sanction extrême pour un artiste. Le tribunal a finalement permis à Marabout de conserver les toiles non vendues pour son usage personnel, évitant ainsi leur destruction.
Ce verdict souligne l'importance de respecter les droits d'auteur et l'intégrité des œuvres originales. Il rappelle également aux artistes l'importance d'obtenir les autorisations nécessaires avant de s'approprier des éléments protégés pour leurs créations. Pour Tintinimaginatio, cette victoire judiciaire réaffirme la nécessité de préserver l'œuvre d'Hergé dans sa forme authentique, telle qu'exprimée par l'auteur lui-même.
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