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Un regard sur les formats et la foliotation des livres anciens.
Les livres anciens sont des objets fascinants, non seulement pour le contenu qu’ils renferment, mais aussi pour leur construction matérielle. Le format d'un livre ancien joue un rôle essentiel dans sa maniabilité, sa présentation et même sa fonction. Chaque livre, avant d’être une œuvre intellectuelle, est d’abord un assemblage complexe de feuilles de papier, qui subissent diverses transformations pour former le volume final. La compréhension des formats et des unités bibliographiques est indispensable pour tout bibliophile ou catalogueur désireux de décrire avec précision un ouvrage ancien.
1. Les formats des livres : une question de pliures
La notion de format est directement liée à la manière dont une feuille imprimée est pliée avant d’être reliée. Chaque type de pliure détermine le format final du livre, et il existe une hiérarchie de formats allant des plus grands, comme l’in-plano, aux plus petits, comme l’in-seize ou au-delà.
In-plano : Ici, la feuille imprimée n’est pas pliée et est reliée à plat. Il en résulte un livre de grande taille, souvent utilisé pour les ouvrages d’érudition, comme les atlas ou les grands volumes de science, où l'espace pour l'illustration et le texte est une priorité.
In-folio (2o) : Une seule pliure divise la feuille en deux, créant ainsi deux grandes pages. Les livres in-folio sont majestueux et impressionnants, souvent utilisés pour les textes religieux ou les ouvrages juridiques.
In-quarto (4o) : La feuille est pliée deux fois, la divisant en quatre parties égales. Le format in-quarto, plus maniable que l’in-folio, reste suffisamment grand pour permettre une lecture confortable tout en limitant le poids de l’ouvrage.
In-octavo (8o) : La feuille est pliée trois fois pour donner huit parties égales. Ce format, l’un des plus courants dans l’édition des livres anciens, est parfait pour les ouvrages de lecture quotidienne, combinant praticité et confort.
In-seize : Ici, la feuille est pliée quatre fois, créant seize parties égales. Ce format plus petit est souvent utilisé pour des ouvrages de poche, comme des manuels ou des livres de prières.
2. Les unités bibliographiques : comprendre la structure matérielle d’un livre
Pour bien comprendre la composition matérielle d’un livre ancien, il est essentiel de connaître les différentes unités bibliographiques qui le constituent. Ces unités ne sont pas toujours intuitives pour le lecteur moderne, mais elles sont cruciales pour la description bibliographique.
La feuille : C’est l’unité de base du livre. Une feuille de papier présente deux faces : le recto et le verso. Dans un livre imprimé, chaque face est destinée à recevoir du texte ou des images.
Le feuillet : Il correspond à la feuille pliée en une ou plusieurs parties. Un feuillet se compose d'un recto et d'un verso, c’est-à-dire de deux pages. Le feuillet est l’unité que le lecteur manipule lorsqu’il tourne les pages du livre.
La page : Une page est l’une des deux faces du feuillet. En général, un livre ouvert présente deux pages en vis-à-vis, appartenant chacune à un feuillet différent.
Le cahier : Le cahier est un ensemble de feuillets pliés et regroupés. Chaque cahier est ensuite cousu avec d’autres cahiers pour former le corps du livre. La manière dont ces cahiers sont assemblés dépend du format du livre. Par exemple, un livre in-octavo est constitué de cahiers de huit feuillets, tandis qu’un in-quarto est composé de cahiers de quatre feuillets.
3. Les notations bibliographiques : une science du détail
La précision des typographes et des relieurs dans la confection des livres anciens n’est pas seulement une affaire d’artisanat, mais aussi de rigueur technique. Les notations bibliographiques permettent de décrire avec exactitude la structure d’un livre, en particulier les systèmes de foliotation et de pagination.
Foliotation : Avant l’apparition de la pagination moderne, les livres étaient souvent numérotés par feuillets, c’est-à-dire que chaque feuillet recevait un numéro sur son recto, tandis que le verso restait vierge de toute numérotation. Ce système est caractéristique des ouvrages des XVe et XVIe siècles.
Pagination : Avec le temps, la pagination, où chaque page reçoit un numéro, a remplacé la foliotation. Apparue en France vers les années 1530, la pagination s’est peu à peu imposée et est devenue la norme dans l’édition moderne.
Réclame : La réclame est un indice imprimé en bas de page qui indique les premiers mots de la page suivante. Elle facilitait le travail du typographe lors de l’imposition, et aidait aussi le lecteur à anticiper la lecture.
Signature : La signature est un code imprimé en bas des feuillets, qui indique leur position dans le cahier et leur ordre dans le volume. Les signatures, souvent constituées d’une lettre et d’un chiffre, facilitent l’assemblage des cahiers lors de la reliure.
4. La formule de foliotation : comment exprimer la structure d’un livre
Une fois ces notions comprises, il est important de savoir comment exprimer ces informations de manière claire et concise dans une notice bibliographique. La foliotation et la pagination sont décrites à l’aide de formules précises.
Par exemple, un livre dont la formule de foliotation est « [2] 3-244 » est composé de deux feuillets non chiffrés et de 242 feuillets numérotés de 3 à 244. En revanche, pour un livre paginé, la formule sera « 488 pp. », ce qui correspond à un ouvrage de 488 pages.
5. La formule de signature : un code d’assemblage
La formule de signature permet de décrire l’ordre et la composition des cahiers dans un livre. Par exemple, la formule « a-m8 » indique que le livre est composé de 12 cahiers, chacun de 8 feuillets. Si certains cahiers ont un nombre de feuillets différent, cette variation est indiquée dans la formule, comme dans « a-g8 h4 i-m8 », qui précise que le cahier « h » ne comporte que 4 feuillets.
Enfin, pour les livres très volumineux, les imprimeurs utilisent des systèmes plus complexes de signatures, reprenant parfois plusieurs fois l’alphabet en majuscules ou minuscules, ou en combinant des lettres comme « Aa » ou « Bb ».
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