Une tablette vieille de 3.500 ans : un mystère d'écriture.

Une découverte fascinante a été réalisée en 2021 près du lac Bashplemi, en Géorgie : une tablette en basalte ornée de signes inconnus. Cette énigmatique pièce archéologique soulève de nombreuses interrogations et pourrait révéler l’existence d’un système d’écriture jusque-là inconnu. Les chercheurs continuent d’étudier cet artefact, en quête de ses secrets et de son histoire.

Un système d’écriture inconnu

L’article publié dans le Journal of Ancient History and Archaeology en novembre 2024 a attiré l’attention sur cette découverte exceptionnelle. Selon les chercheurs — Ramaz Shengelia, Levan Gordeziani, Nikoloz Tushabramishvili, Nodar Poporadze et Othar Zourabichvili —, la tablette comporte soixante signes distincts, dont trente-neuf uniques. Gravés dans une pierre extrêmement dure, ces motifs présentent des similitudes à la fois avec les écritures du Moyen-Orient et des systèmes plus éloignés, comme ceux de l’Inde, de l’Égypte ou de l’Ibérie occidentale.

Cependant, aucune correspondance parfaite avec une écriture connue n’a été identifiée. Comment lire cette tablette ? De gauche à droite, de droite à gauche, ou en boustrophédon (alternance des deux sens) ? Les chercheurs restent perplexes et avancent plusieurs hypothèses quant à son contenu : inventaire militaire, projet de construction ou offrande divine. Toutefois, aucune de ces pistes n’a pu être confirmée.

Une datation incertaine

Les experts estiment que cette tablette remonte à la fin de l’âge du bronze ou au début de l’âge du fer, soit il y a environ 3.500 ans. Ce cadre temporel repose sur l’analyse des autres artefacts trouvés sur le site. Pourtant, l’absence de preuves directes laisse cette estimation ouverte à la discussion.

Authenticité contestée

Bien que les chercheurs excluent l’idée d’un faux, le scepticisme subsiste. Guy Jucquois, linguiste à l’UCLouvain, reste prudent. Il souligne que les signes de la tablette ressemblent à un assemblage de styles d’écritures différents, ce qui suggère qu’il pourrait s’agir d’une tentative d’imitation. Selon lui, il est peu probable qu’une population ait mélangé plusieurs systèmes pour créer un langage cohérent. L’hypothèse d’une création individuelle à des fins d’impression sociale n’est pas exclue.

L’écriture : une invention millénaire

Pour comprendre cette découverte, il est utile de replacer l’écriture dans son contexte historique. Comme le rappellent Les Essentiels de la Bibliothèque nationale de France, l’écriture est apparue il y a un peu plus de 5.000 ans, de manière indépendante dans plusieurs régions : en Mésopotamie vers 3.300 avant J.-C., en Égypte à la même époque, dans la vallée de l’Indus entre 2.600 et 1.900 avant J.-C., en Chine vers 1.500 avant J.-C., et en Mésoamérique entre 1.200 et 600 avant J.-C.

Les premières formes d’écriture étaient des pictogrammes, représentant des objets de manière symbolique. Dans son ouvrage référence Histoire de l’écriture, James Germain Février explique que l’écriture devient nécessaire dans les sociétés complexes pour organiser la vie collective. Les pictogrammes se sont progressivement combinés pour exprimer des idées abstraites, avant de donner naissance à des systèmes alphabétiques plus simples.

Une tablette entre mystère et fascination

La tablette de Bashplemi demeure une énigme. Est-elle le témoignage d’un système d’écriture oublié ou l’oeuvre isolée d’un individu curieux ? Malgré les incertitudes, elle continue de captiver les spécialistes et le grand public. Quoi qu’il en soit, cette découverte rappelle que l’écriture reste une des inventions les plus remarquables de l’humanité, et que son étude réserve encore bien des surprises.