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Auderghem honore l’écrivaine Marie-Thérèse Bodart dans le cadre de l’initiative «Place aux femmes».

Dans le cadre de l’initiative « Place aux femmes » visant à rendre l’espace public belge plus inclusif, la commune d’Auderghem, située dans la région de Bruxelles-Capitale, a récemment renommé quatre lieux en l’honneur de femmes auderghemoises remarquables. Parmi ces femmes, l’écrivaine Marie-Thérèse Bodart a été particulièrement mise en avant, avec son nom désormais associé au parc des Paradisiers, situé près de la rue éponyme.

Cette initiative s'inscrit dans un effort plus large de féminisation de la toponymie de la commune. En effet, jusqu’en 2020, seulement trois lieux à Auderghem portaient des noms de femmes, un déséquilibre historique qui méritait d’être corrigé. Le cabinet de la Bourgmestre explique que cette prédominance masculine s’explique en partie par l’attribution de noms de rues en l’honneur des victimes de la Première Guerre mondiale, et de certaines de la Seconde, une initiative unique en Belgique.

Marie-Thérèse Bodart, qui aurait sans doute été ravie de voir un parc porter son nom, est une figure littéraire dont l’œuvre est marquée par une profonde connexion avec la nature, qu’elle a décrite avec vigueur et poésie dans ses écrits. Née en 1909 et décédée en 1981, Bodart a été redécouverte ces dernières années grâce aux efforts de sa fille, Anne Richter, et de sa petite-fille, Florence Richter. Épouse du poète Roger Bodart, elle s'est distinguée par ses propres talents d'écrivaine, produisant des romans, des nouvelles et des pièces de théâtre qui explorent les complexités de l’amour et la dureté de la vie.

Son premier roman, Les Roseaux noirs, publié en 1938, raconte une histoire d’adultère et de passion qui fit scandale à l’époque, entraînant son exclusion de l’école de Verviers où elle enseignait. Ce roman, réédité en 2014 par Samsa, ainsi que ses autres œuvres, est caractérisé par une atmosphère rude et romantique et est traversé par des questionnements métaphysiques sur le bien, le mal, la passion et l’absurdité de la vie. Son travail, refusant l'influence de la littérature de l’absurde du XXe siècle, explore le chaos existentiel tout en affirmant une obscure solidarité entre les vies humaines.

Le parc des Paradisiers, choisi pour honorer Marie-Thérèse Bodart, est un lieu jugé approprié par les votants en raison de la connexion personnelle de l’écrivaine avec la commune. Elle a vécu rue René Christiaens à Auderghem entre le début des années 1950 et le décès de son mari en 1973. En tant que professeure, romancière, essayiste et dramaturge, elle a laissé une marque indélébile sur la scène littéraire belge.

L’initiative de renommer des lieux pour honorer des femmes comme Bodart est également un moyen de mettre en lumière des figures historiques de la commune qui sont souvent oubliées. À côté du parc des Paradisiers, trois autres lieux ont été renommés: le square devant l’avenue Valduchesse portera désormais le nom d’Aleyde de Bourgogne, le parvis devant l’Église Sainte-Anne sera nommé Jeanne de Brabant, et le parc de la rue Maurice Charlent sera dédié à Ida Bommer-Devis, la fille du peintre Pierre Devis.

Pour officialiser ces changements, les nouvelles adresses ont été envoyées à la Commission royale de Toponymie avant d’être soumises au Conseil Communal pour validation. Une fois actés, ces nouveaux noms portent à 14 le nombre de lieux à Auderghem portant des noms de femmes, un pas significatif vers un espace public plus inclusif et équilibré. 

Ainsi, la reconnaissance de Marie-Thérèse Bodart par la commune d'Auderghem ne se contente pas seulement de célébrer une écrivaine locale, mais elle s'inscrit également dans une démarche plus large de réhabilitation et de mise en valeur de la contribution des femmes à l’histoire et à la culture locale.

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