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L'Affaire Massimo Marino De Caro : le plus grand voleur de livres.

En mai 2012, l'Italie a été secouée par une découverte choquante : Massimo Marino De Caro, ancien bibliothécaire et consultant auprès du ministre des biens culturels de l'époque, Giancarlo Galan, avait dérobé pas moins de 2000 livres anciens de la bibliothèque Girolamini, l'une des plus anciennes bibliothèques publiques du pays. C'est Tomaso Montanari, historien de l'art et essayiste, qui a révélé ce scandale monumental, mettant en lumière une affaire de vol d'une ampleur inégalée.

La bibliothèque Girolamini, accessible au public depuis 1586, est un trésor national renfermant des ouvrages d'une valeur inestimable. Le vol de ces livres, dont certains remontent au XVIe siècle, a provoqué une onde de choc à travers toute l'Italie, notamment lorsque Naples a découvert la disparition de 257 titres rares. Parmi les ouvrages volés figurait la première édition de "Siderus Nuncius" de Galileo Galilei, publiée en 1610, où le célèbre astronome a détaillé ses découvertes révolutionnaires.

Le Procès et les condamnations

Le procès de De Caro, impliquant également plusieurs autres accusés, s'est étendu sur 124 audiences avant de se conclure avec un verdict lourd : cinq ans et trois mois de prison supplémentaires, venant s'ajouter à une peine antérieure de sept ans prononcée en 2013 pour détournement de fonds aggravé. En effet, la première condamnation de De Caro était déjà définitive en Cassation. Ce second procès portait sur des accusations d'association de malfaiteurs, révélant ainsi l'ampleur et la complexité de ses activités criminelles.

De Caro, un "manager béni" par les politiques

Proche de figures politiques italiennes telles que l'ex-sénateur Marcello Dell'Utri, De Caro avait su exploiter ses connexions pour mener à bien ses projets illicites. Assigné à résidence à Vérone, il jouissait en 2015 d'une liberté relative, autorisé par les juges du Tribunal de surveillance de Vérone à quitter chaque matin sa villa pour diverses activités. Cette situation suscitait l'indignation, compte tenu de la gravité de ses actes.

Les Justifications de De Caro

Dans une interview au Corriere della Sera, De Caro a exprimé ses impressions sur le verdict, insistant sur ses "bonnes intentions". Il a reconnu ses actes tout en affirmant que son objectif était de restaurer le lustre de la bibliothèque Girolamini, alors en ruine et infestée de vers. Se qualifiant de "Robin des Bois des livres", il a déclaré avoir volé et vendu 600 ouvrages, mais en avoir récupéré tous sauf vingt.

Défendant son amour des livres, De Caro a réfuté les accusations de dévastation et de pillage portées contre lui, des crimes qu'il juge incompatibles avec sa passion presque morbide pour les bibliothèques. Malgré sa condamnation, il envisage de faire appel, arguant qu'il n'aurait jamais pu saccager des trésors qu'il chérissait tant.

Une histoire de trésors perdus et retrouvés

L'affaire De Caro demeure une des plus grandes tragédies et mystères du patrimoine culturel italien. Le vol de ces 2309 livres, comprenant des trésors historiques tels que "Siderus Nuncius", a non seulement privé le public d'un accès précieux à l'histoire, mais a également mis en lumière les vulnérabilités des institutions culturelles face à ceux qui devraient en être les gardiens.

La condamnation de Massimo Marino De Caro est une leçon sur la nécessité de protéger rigoureusement notre patrimoine culturel, pour que de tels actes ne se reproduisent jamais. Son histoire, tout en étant une tragédie pour le monde des bibliophiles, rappelle l'importance de la vigilance et de la responsabilité dans la préservation de nos trésors culturels.

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