Les œuvres de William Shakespeare continuent de réserver des surprises, même plusieurs siècles après leur rédaction....
Giovanni Francesco Grimaldi, maître de la gravure et de la scénographie au XVIIe siècle.
Giovanni Francesco Grimaldi, souvent surnommé « il Bolognese », occupe une place importante dans l'histoire de l'art du XVIIe siècle, à la fois en tant que peintre, dessinateur, graveur et architecte. Né à Bologne vers 1606, il a principalement exercé son talent à Rome, tout en passant quelques années à Paris entre 1648 et 1651. Son œuvre, bien que méconnue du grand public, est d'une richesse exceptionnelle, illustrant l'influence des grands maîtres de l'époque et la transition vers de nouvelles sensibilités artistiques.
Le parcours artistique de Giovanni Francesco Grimaldi
Grimaldi s'est illustré par son aptitude à maîtriser diverses techniques artistiques, que ce soit la peinture murale, le dessin ou la gravure. Il a exécuté plusieurs suites de fresques, notamment pour des œuvres théâtrales et des services funéraires. Ces œuvres, souvent animées de personnages et imprégnées d'une grande sérénité, démontrent une attention particulière au rendu scénographique et à la profondeur. Ce souci du détail et de la mise en scène reflète l'influence des traditions classicisantes d'Annibal Carrache et du Dominiquin, mais aussi des prémices du mouvement protoromantique avec des artistes tels que Salvator Rosa et Gaspard Dughet.
Ses gravures, environ une cinquantaine d'eaux-fortes, sont principalement des paysages. Ces œuvres témoignent d'une grande quiétude, où les éléments naturels tels que les rivières, les arbres, et les forteresses sont harmonieusement intégrés. Cette tranquillité est accentuée par la présence discrète de personnages, souvent occupés à des activités calmes, comme la pêche ou la conversation. Ce style caractéristique de Grimaldi s'apparente à celui d'autres artistes émilien comme Annibal Carrache et Le Guerchin, mais avec une touche personnelle qui lui confère une originalité certaine.
L’évolution de la gravure d'après Grimaldi
La diffusion des œuvres de Grimaldi a pris une ampleur considérable au XVIIIe siècle, surtout grâce à des artistes français et anglais. Cette époque marque un changement significatif tant dans les lieux de production que dans les sujets représentés. Alors que les premières gravures d'après Grimaldi visaient à immortaliser des célébrations ou des architectures éphémères, les artistes du XVIIIe siècle se sont davantage tournés vers la reproduction de paysages. Ce changement est en partie dû à l'engouement pour la collection de dessins, un phénomène qui a favorisé l'essor de la gravure d'interprétation.
Un exemple emblématique de cette évolution est la série de gravures commandées par le banquier allemand naturalisé français, Everard Jabach, dans les années 1660. Ces œuvres, réalisées par des artistes tels que Jean Pesne, Claude Massé, Michel II Corneille, et Jacques Rousseau, représentent des dessins de Grimaldi issus de la collection de Jabach. Ces gravures ont été publiées à Paris dans un recueil intitulé Recueil de 283 Estampes Gravées à l’eau forte par les plus habiles Peintres du tems, d’Après les Desseins des Grands Maîtres en 1754.
Le XIXe siècle a vu la poursuite de cette tradition, avec des artistes comme Christian Haldenwang, Mathias Gottfried Eichler, et Felipe Cardano, qui ont contribué à illustrer des catalogues de collections entières à travers des gravures d'après Grimaldi. Ces œuvres, publiées dans des recueils comme le Musée français ou le Musée Napoléon, montrent une nouvelle approche poétique, parfois teintée de romantisme, contrastant avec l'originalité plus sereine des œuvres de Grimaldi.
La postérité de Grimaldi à travers les ouvrages de référence
La réception et l'étude de l'œuvre de Grimaldi ont évolué au fil des siècles, avec des catalogues et des études qui, bien que souvent incomplètes, ont contribué à documenter son travail. Parmi les premiers catalogues, on trouve celui de F. Brulliot, publié en 1827, suivi par des travaux plus approfondis comme ceux de R. Weigel en 1865 et A. Beaufort Grimaldi en 1872. Ces catalogues, bien qu'ayant leurs limites, restent des références importantes pour la recherche sur Grimaldi et ses œuvres.
En 1855, Giacomo Fontana, dans son recueil Raccolta delle migliori chiese di Roma e Suburbane, a également inclus des gravures reproduisant des fresques de Grimaldi dans l'église romaine de San Martino ai Monti. Ce recueil, bien que moins connu que ceux du siècle précédent, témoigne de la persistance de l'intérêt pour l'œuvre de Grimaldi, même après sa mort.
Conclusion
Giovanni Francesco Grimaldi, à travers ses gravures et ses fresques, a su capter l'essence d'une époque en pleine mutation artistique. Son travail, bien que parfois éclipsé par celui de ses contemporains plus célèbres, mérite une attention renouvelée, non seulement pour la beauté de ses paysages, mais aussi pour sa contribution à l'évolution de la gravure en Europe. Les ouvrages anciens et les catalogues qui ont documenté son œuvre sont des trésors précieux pour les chercheurs et les amateurs d'art, offrant une fenêtre sur la richesse et la diversité de l'art du XVIIe siècle.
A.-C.-Ph. de Caylus, Paysage avec un pont à deux arches, eau-forte, Paris, Bibliothèque nationale de France, Bd-40-fol. [n° 30]
Laissez un commentaire
Connectez-vous pour publier des commentaires