C’est un trésor d’enluminure et de dévotion qui surgit du silence des siècles : un Psalterium & Breviarium en...
Jean Doisy, un acteur majeur de la culture médiatique belge des années 1930 et 1940.
Jean Doisy, de son vrai nom Jean-Georges Evrard, est principalement connu pour son rôle de rédacteur en chef du journal Spirou dès sa création en 1938, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce poste l’a conduit à devenir l'un des premiers scénaristes de la bande dessinée franco-belge. Mais Doisy ne se limite pas à cette seule fonction : ce prolifique écrivain-journaliste, comme un tiers des écrivains belges de langue française de l’époque, a joué un rôle crucial dans l'animation de la culture médiatique belge des années 1930 et 1940, principalement sous l’égide des éditions Dupuis.
Les éditions Dupuis, établies à Marcinelle, sont célèbres pour leur catalogue généraliste qui, de 1933 à 1955, incluait des romans populaires, des périodiques pour la jeunesse comme Spirou, ainsi que des magazines grand public tels que Le Moustique et Les Bonnes Soirées. En tant que contributeur prolifique, Doisy a enrichi ces publications de ses chroniques, livres pratiques, fictions policières et sentimentales, ainsi que de ses traductions.
Une production littéraire éclectique et expérimentale
Jean Doisy, né en 1900 à Jodoigne dans une famille catholique, est le fils d’un instituteur et d’une mère au foyer. Éduqué dans divers établissements religieux, il travaille comme représentant commercial dans les années 1920 et passe deux ans en Angleterre, où il apprend l’anglais. À son retour en Belgique, il se consacre à la littérature et au journalisme, entrant chez Dupuis en 1932. Ses premiers pas en tant qu’écrivain sont marqués par l'influence de Stanislas-André Steeman, un autre grand auteur belge de romans policiers. Son premier roman, Nuit de tempête (1933), publié chez Moorthamers frères à Bruxelles, reprend des éléments narratifs de La Nuit du 12 au 13 de Steeman.
Doisy se distingue par une tendance à recycler ses trouvailles narratives d’un média à l’autre, passant du roman illustré à la bande dessinée, en expérimentant une hybridation iconotextuelle audacieuse pour l'époque. Ses fictions policières, telles que Heures d’épreuve et L’Étrangleur aux mains fines, montrent une récurrence de schémas narratifs où les intrigues commencent souvent dans le monde de l’entreprise, avec des employeurs malmenant leurs subalternes, métaphore de l’injustice primordiale réparée par l’enquête.
L’ascension et l’impact de Jean Valhardi
La série Jean Valhardi, détective, débutée en 1941 avec le dessinateur Jijé, marque un tournant dans la carrière de Doisy. Le personnage, enquêteur d’assurances, devient rapidement populaire et symbolise la capacité de Doisy à adapter ses récits au format de la bande dessinée. Jean Valhardi évolue aussi dans les contenus rédactionnels de Spirou, notamment via la rubrique du courrier des lecteurs où Doisy, sous le pseudonyme du Fureteur, dialogue constamment avec un lectorat fidèle.
La transmédiatisation de Jean Valhardi culmine avec la publication de romans dédiés au personnage, illustrés par des artistes comme Jijé et Eddy Paape. Cette stratégie vise à fidéliser les lecteurs en diversifiant les supports narratifs. Par exemple, le roman illustré L’Étrange Réveillon de Jean Valhardi (1943), vendu en kiosque pour Noël, constitue un prototype de cette approche.
L’évolution vers une littérature plus visuelle
Après la guerre, Doisy continue à écrire des scénarios pour la série Jean Valhardi, mais il se consacre également à des projets littéraires plus complexes. La Collection des grands récits, lancée en 1948, en est un exemple : cette série de romans courts illustrés ambitionne d’éduquer et d’amuser un jeune public en présentant des intrigues policières et des descriptions détaillées de divers milieux professionnels.
Cependant, malgré ces innovations, Doisy se heurte aux nouvelles tendances éditoriales qui favorisent la bande dessinée au détriment du texte écrit. Les ventes décevantes de la Collection des grands récits mettent fin à ce projet ambitieux après une centaine de numéros.
Un héritage durable dans la culture belge
Jean Doisy laisse derrière lui une œuvre riche et diversifiée, qui mérite d’être redécouverte. Son travail a non seulement marqué l’histoire de la bande dessinée franco-belge, mais il a aussi joué un rôle crucial dans l’essor de la culture médiatique en Belgique. Ses stratégies éditoriales et sa capacité à créer des récits captivants pour différents médias continuent d’influencer les pratiques actuelles. À travers ses contributions aux éditions Dupuis, Doisy a véritablement façonné une part importante de l'imaginaire collectif de plusieurs générations de lecteurs belges.
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