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L'art complexe des armoiries : entre partitions, pièces et symbolisme héraldique.
Les armoiries, éléments essentiels de l’héraldique, se caractérisent par leur richesse symbolique et leur complexité graphique. La composition d’un blason ne se limite pas à l’usage des émaux, c'est-à-dire des couleurs et des métaux, mais s’enrichit également de figures géométriques appelées partitions et pièces, ainsi que de figures symboliques désignées sous le terme de meubles. Lorsque l’écu ne comporte ni division géométrique ni meuble, il est dit « plain », c'est-à-dire sans ornement.
Un exemple illustre de cette richesse ornementale peut être trouvé dans la reliure en maroquin aux armes de la marquise de Montespan. Ce blason, décrit comme « fascé nébulé d’argent et de gueules de six pièces », est celui de la famille de Rochechouart, et est répertorié dans le catalogue Sourget N°17. Ce type de composition fait appel à des règles précises qui régissent l’agencement des couleurs et des métaux sur l’écu. En effet, il est traditionnellement interdit de superposer deux couleurs ou deux métaux, à l’exception de certains cas rares. Cependant, cette règle connaît des exceptions pour des détails comme le bec, les langues ou les griffes des animaux, ou encore pour les brisures, qui sont des modifications apportées au blason pour distinguer les membres d'une même famille.
Un exemple d’armoiries en dérogation aux règles héraldiques classiques est celui de Louis d’Ars, dont le blason est décrit comme « d’azur à la bande de gueules ». Ces armoiries dites « à enquerre », c’est-à-dire contraires aux règles habituelles, suscitent l’intérêt par leur capacité à justifier des motifs de dérogation.
Les partitions, quant à elles, permettent de diviser l’écu en différentes sections, offrant ainsi des possibilités infinies de combinaisons. L’une des partitions les plus simples est le « parti », où l’écu est divisé verticalement en deux parties égales, avec par exemple un émail à dextre (droite) et un autre à senestre (gauche). Une autre partition courante est le « coupé », qui divise l’écu horizontalement. Lorsque ces deux types de partitions sont combinés, on obtient un écu « écartelé », qui peut évoquer un damier. L’écu peut également être divisé en diagonale, cette partition étant alors dite « tranchée » lorsqu’elle va du chef (partie supérieure) à dextre (droite) jusqu’au canton senestre de la pointe (partie inférieure gauche), ou « taillée » lorsqu’elle suit le sens inverse.
Un exemple historique d’armoiries utilisant des partitions complexes est celui des Bouteiller de Senlis, dont les armes sont décrites comme « écartelé d’or et de gueules », ou celles des Moucy, qui présentent un écu « gironné d’or et de gueules de dix pièces », une composition en forme de spirale ou de roue qui accentue le dynamisme du blason.
Certaines figures géométriques, appelées pièces, viennent orner l’écu. Parmi elles, on distingue la fasce (une bande horizontale), le pal (vertical), la barre et la bande (diagonales), ainsi que le chevron, qui est une combinaison de deux lignes diagonales se rejoignant en pointe au milieu de l’écu. La croix, qui combine un pal et une fasce, est une autre figure emblématique. Le chef, la région haute de l’écu, constitue également une pièce à part entière, souvent utilisée pour souligner la noblesse ou l’ancienneté d’une famille.
La gravure sur cuivre de la famille d’Escoubleau, marquis de Sourdis, présente une composition exemplaire avec des armoiries « parti d’azur et de gueules, à la bande d’or brochant sur le tout ». Cette disposition met en lumière la finesse de la gravure et l’importance de la symétrie dans l’art héraldique.
Les lignes des partitions et des pièces peuvent être droites, mais aussi courbes ou brisées. Une ligne ondée, qui évoque une vague, est qualifiée d’« ondée » ou « nébulée », tandis que des lignes brisées en dents de scie sont dites « dentelées » ou « denchées ». Certaines compositions plus complexes présentent des lignes crénelées, c’est-à-dire en forme de créneaux, une disposition fortifiée qui évoque l’architecture des châteaux. Lorsque cette forme de crénelage est accentuée, on parle de bretessé. Une version asymétrique de ces crénelages est désignée sous le nom de contre-bretessé, une figure rare et recherchée dans l’art héraldique.
Pour conclure, l’art de la composition des armoiries repose sur un équilibre subtil entre respect des règles et créativité symbolique. Les exemples cités, qu’il s’agisse des armes des Rochechouart ou de celles des Bouteiller de Senlis, illustrent la diversité des possibilités offertes par les partitions, les pièces et les meubles. Les reliures aux armes, comme celles de la marquise de Montespan ou du collège d’Harcourt, témoignent quant à elles de l’importance de l’héraldique dans la préservation et la valorisation du patrimoine bibliophile, faisant écho à la richesse historique et esthétique des armoiries au fil des siècles.
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