C’est une véritable œuvre d’art, un joyau de papier aussi rare que somptueux, qui s’apprête à prendre la lumière :...
Les Schtroumpfs : une symphonie de dissonances et de mélodies intemporelles.
Les Schtroumpfs, célèbres petits personnages bleus de Peyo, célèbrent cette année leur soixante-sixième anniversaire. Depuis leur première apparition en 1958 dans La flûte à six Schtroumpfs, récit de la série Johan et Pirlouit, ces créatures singulières au vocabulaire insolite et à la taille minuscule ont conquis les lecteurs de tous âges, jusqu’à devenir un véritable phénomène culturel. Traduites dans de nombreuses langues, leurs aventures et leurs personnalités distinctes sont connues dans le monde entier, marquant à la fois la bande dessinée et l'animation.
La musique au cœur de l'univers des Schtroumpfs
Parmi cette galerie de Schtroumpfs hauts en couleur, l’un d’eux attire particulièrement l’attention : le Schtroumpf musicien. Ce personnage, bien que doté d'une passion débordante pour la musique, se distingue par un talent… dissonant. Introduit en 1962 dans Le Centième Schtroumpf, sixième histoire de la série, ce mélomane maladroit apparaît d’abord dans le journal Spirou avant de faire ses débuts en album. Sa caractérisation s’affine lorsqu’il prend le devant de la scène dans La Schtroumpfonie en ut, où son amour pour la musique et son incapacité à jouer juste créent un contraste comique irrésistible.
Le Schtroumpf musicien se balade souvent, une trompette en main – son instrument de prédilection – cherchant sans relâche à impressionner ses pairs. Ses camarades, bien que souvent exaspérés par ses fausses notes, font preuve de tolérance à son égard. Le musicien s’essaye à divers instruments, passant de la trompette au triangle, en quête d’un timbre plus agréable, mais le résultat reste le même : sa musique résonne toujours faux, parfois même de façon hilarante, y compris sur des instruments réputés infaillibles, comme la boîte à musique.
La Schtroumpfonie en ut : un hommage à la dissonance
L’histoire La Schtroumpfonie en ut met en scène un orchestre de Schtroumpfs dirigé par le Grand Schtroumpf. Ce dernier invite ses congénères à confectionner des instruments pour interpréter cette fameuse Schtroumpfonie. Le Schtroumpf musicien, armé de sa fidèle trompette, est malheureusement exclu du groupe en raison de sa fausse intonation, ce qui le conduit à jouer en solitaire dans la forêt. Son talent singulier attire l’attention de Gargamel, éternel ennemi des Schtroumpfs, qui se déguise en fée pour offrir au musicien un turlusiphon, un instrument enchanté censé jouer toujours juste. Ignorant le piège, le Schtroumpf musicien revient triomphant au village, mais son instrument ensorcelé plonge ses compagnons dans un profond sommeil.
Cet événement prend une tournure cocasse lorsque, dans un ultime élan musical, le Schtroumpf musicien joue une élégie pour réveiller ses compagnons endormis. Ses fausses notes, résonnant puissamment, brisent le sortilège et réveillent le village tout entier. La fin de cette aventure voit le Schtroumpf musicien réintégré à l’orchestre, ses compagnons optant cette fois-ci pour des bouchons d’oreilles, résignés face à son enthousiasme musical.
Les Schtroumpfs et la musique à l’écran
Dès 1959, soit un an après leur création, les Schtroumpfs font leur entrée à la télévision. Les studios Dupuis réalisent une série de neuf courts-métrages animés, chacun durant treize minutes, qui introduisent ces personnages au grand public. Puis, en 1976, le long-métrage La flûte à six Schtroumpfs voit le jour, avec une bande originale composée par Michel Legrand, ce qui enrichit encore l’univers sonore de ces personnages.
Leur notoriété s'accroît dans les années 1980 grâce à une adaptation produite aux États-Unis par Hanna-Barbera. Ce dessin animé, diffusé mondialement, consolide leur statut d’icônes culturelles. La série adopte plusieurs versions de génériques, certaines chantées par des artistes comme Dorothée, contribuant à ancrer les Schtroumpfs dans l’imaginaire collectif. La mélodie simple et entraînante des génériques est devenue emblématique, difficile à oublier une fois entendue.
La musique classique dans les aventures des Schtroumpfs
La série animée des Schtroumpfs ne se contente pas d’intégrer de la musique populaire ; elle s’appuie également sur des œuvres de musique classique, conférant à certaines scènes une dimension supplémentaire. Des airs célèbres accompagnent les moments marquants et les émotions des personnages. Par exemple, les tempêtes et autres mésaventures du village des Schtroumpfs sont rythmées par des extraits de Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Le thème Le Gnome est utilisé pour les catastrophes et orages, tandis que Tuileries évoque le calme et la vie quotidienne au village.
L’iconique premier mouvement de la Symphonie n°8 inachevée de Schubert devient le thème musical de Gargamel, accentuant le côté sinistre et menaçant de cet antagoniste. Ces choix musicaux intelligents viennent enrichir la dimension sonore des Schtroumpfs, créant un contraste entre le quotidien tranquille de ces petits êtres et les dangers représentés par le monde extérieur.
Un univers où la dissonance fait harmonie
Au-delà de leurs aventures et de leurs caractéristiques excentriques, les Schtroumpfs doivent beaucoup de leur charme à la place qu’occupe la musique dans leur univers. Qu’il s’agisse de mélodies discordantes du Schtroumpf musicien ou de grands classiques revisités pour l’animation, cette dimension sonore contribue à la richesse de leur monde. En intégrant la musique, qu’elle soit harmonieuse ou désaccordée, Peyo a su insuffler à ses personnages une profondeur sonore et émotionnelle rare dans la bande dessinée, qui contribue sans conteste à la pérennité de leur succès.
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