C’est un trésor d’enluminure et de dévotion qui surgit du silence des siècles : un Psalterium & Breviarium en...
Vertigo : l’audace d’un label à l’épreuve du temps.
Le label Vertigo de DC Comics, lancé en 1993, a marqué un tournant dans l'histoire des comics en se distinguant des récits de super-héros traditionnels. Ce label, destiné à un public plus mature, a rapidement forgé sa propre identité, créant un univers unique où les thématiques occultes, politiques et existentielles se mêlent aux histoires profondément ancrées dans le monde contemporain.
Dès ses débuts, Vertigo a regroupé des séries existantes telles que Hellblazer, Swamp Thing ou encore Animal Man, des récits déjà reconnus pour leur tonalité plus sombre et complexe. Ces titres, écrits par des auteurs talentueux tels qu’Alan Moore, Jamie Delano ou Grant Morrison, ont préparé le terrain pour l’arrivée de séries phares qui allaient consolider la réputation du label, comme Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon, Sandman de Neil Gaiman, ou encore The Invisibles de Grant Morrison. L'influence de la « British Invasion » — ce groupe d’auteurs britanniques tels que Moore, Morrison, Gaiman et Ennis — a profondément façonné l’esprit de Vertigo, alliant une sensibilité littéraire à des intrigues souvent teintées de surnaturel ou de subversion politique.
Cependant, le passage à l’an 2000 a marqué la fin d’une époque pour Vertigo. Avec la conclusion des grandes sagas comme Preacher et The Invisibles, le label devait trouver un nouveau souffle. C’est alors qu’une nouvelle génération d’auteurs américains, comme Brian K. Vaughan et Brian Azzarello, a pris le relais, introduisant des récits plus ancrés dans la réalité contemporaine, voire dystopique. Y: The Last Man (2002-2008) de Vaughan et Pia Guerra, tout comme 100 Bullets (1999-2009) d’Azzarello et Eduardo Risso, ont renouvelé les thèmes de Vertigo, s’éloignant de l’occulte pour explorer les questions de survie, de criminalité et de pouvoir. Ce tournant vers des récits plus réalistes et contemporains est également illustré par des titres comme DMZ (2005-2012) de Brian Wood, qui plonge le lecteur dans un New York dévasté par une guerre civile, ou encore The Losers (2003-2006) d’Andy Diggle, mettant en scène des mercenaires trahis par le gouvernement.
Cette évolution thématique n’est pas sans rappeler celle des séries télévisées des années 2000, où l’après-11 septembre a imposé de nouvelles préoccupations sociopolitiques. Tandis que les années 90 étaient marquées par des récits de conspiration et d’exploration spirituelle comme X-Files, les années 2000 ont vu l’émergence de personnages plus terre-à-terre et pragmatiques, à l’image de Jack Bauer dans 24, affrontant les menaces terroristes. Dans cette veine, Vertigo a su capter l’air du temps en proposant des récits où l’individu doit s’adapter à un monde hostile, souvent en quête de communauté et de sens.
Le label n’a toutefois pas renoncé à ses racines, comme en témoigne la longévité de Hellblazer, série emblématique qui a survécu à plusieurs générations d’auteurs. Si des titres plus récents comme Fables (2002-2015) de Bill Willingham ont conservé un lien avec le fantastique, c’est désormais le thriller et la réflexion sur les sociétés modernes qui semblent constituer le cœur du label.
Alors que Vertigo entamait une nouvelle phase dans les années 2000, des titres plus modestes n’ont pas connu le même succès. American Virgin (2006-2008), The Exterminators (2006-2008), ou encore Testament (2005-2008) sont autant d’exemples d’essais narratifs qui, malgré leur originalité, n’ont pas trouvé leur public. Ces échecs, bien qu’éphémères, témoignent de l’importance pour Vertigo de se renouveler et de s’adapter aux attentes d’un lectorat en mutation.
Alors que les grandes séries du début des années 2000 touchaient à leur fin, Vertigo se trouvait à un carrefour de son histoire. Quel héritage allait-il laisser, et surtout, quels nouveaux récits allaient prendre le relais ? Le paysage culturel et politique de l’époque façonnait indéniablement les nouvelles productions du label, influençant ses choix thématiques et artistiques.
Aujourd’hui, Vertigo reste un symbole d’audace narrative et d’innovation dans le monde du comics. Ses récits ont marqué des générations de lecteurs et ont ouvert la voie à une approche plus mature et littéraire du médium. Si les titres majeurs du label ont forgé son identité, il reste à voir si les nouveaux auteurs pourront, à leur tour, réinventer cet univers tout en préservant son esprit subversif et profondément humain.
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