Les œuvres de William Shakespeare continuent de réserver des surprises, même plusieurs siècles après leur rédaction....
À la redécouverte des héros oubliés de la bande dessinée.
Depuis près de deux siècles, les pages des journaux et des albums illustrés ont donné vie à une myriade de personnages de bande dessinée, dont beaucoup ont sombré dans l’oubli avec le passage du temps. Pourtant, ces figures oubliées, souvent éclipsées par les icônes immortelles du neuvième art, témoignent d’une richesse créative fascinante. Voici une exploration de quelques perles rares, entre récits burlesques, aventures palpitantes et expérimentations graphiques.
Les maladresses audacieuses de Naughty Pete
Apparu brièvement en 1913 dans l’édition européenne du New York Herald, Naughty Pete, créé par Charles Forbell, se distingue par son style audacieux. Ce jeune Américain maladroit, protagoniste d’histoires aux compositions dynamiques et colorées, a marqué les esprits par l’originalité de sa mise en page. Bien que sa carrière éditoriale ait été éphémère, l’impact de cette série dépasse son époque : le célèbre Chris Ware a reconnu s’être inspiré de ses planches. Redécouvrez ses tribulations espiègles dans la section "Quelques autres séries" du New York Herald sur Gallica.
Les Malicieux Ketjes : l’humour en temps de guerre
Dans le contexte sombre de la Première Guerre mondiale, la revue La Jeune France proposait des récits patriotiques et des bandes dessinées empreintes d’ironie envers l’occupant allemand. Les Malicieux Ketjes, créés par Enzo Manfredini sur des scénarios de Jo Valle, incarnent cet esprit satirique. Ces deux enfants facétieux de Bruxelles, précurseurs du célèbre duo Quick et Flupke d’Hergé, se plaisent à jouer des tours aux soldats allemands, offrant ainsi une touche d’humour à une époque troublée. Leurs aventures, publiées entre 1915 et 1916, peuvent être consultées dans la section "Histoires comiques" de La Jeune France.
L’héritage du grand détective : Le Fils de Sherlock Holmes
En 1937, Le Fils de Sherlock Holmes, dessiné par W. N. Grove, fit son apparition dans Jeunesse magazine. Cette série en quinze épisodes suit Sherlock Junior, fils du célèbre détective, qui, flanqué des jumeaux du docteur Watson, affronte la Société anonyme des pirates aériens. L’intrigue captivante est sublimée par des dessins aux lignes épurées et géométriques, caractéristiques de l’époque. Les épisodes de cette série sont accessibles sur la page dédiée à Jeunesse magazine.
La Cavalière du Texas : une héroïne bretonne conquiert l’Ouest
Créée par Étienne Le Rallic au début des années 1940, La Cavalière du Texas relate les aventures de Gaït, une jeune Bretonne partie vivre en Amérique. À l’opposé de la naïve Bécassine, Gaït est une femme audacieuse et indépendante. Devenant une véritable cow-girl, elle excelle dans l’art de dresser les chevaux et de manier les armes. Son courage la pousse à guider des caravanes et à affronter des bandits, un bison et même des défis au sein des tribus Navajos. Cette héroïne intrépide est une figure marquante d’une époque où les femmes étaient rarement représentées sous un jour si courageux dans la bande dessinée.
Le Petit Roi : la royauté dans l’humour minimaliste
Créé par Otto Soglow, The Little King (ou Le Petit Roi) fait ses débuts dans les années 1930 aux États-Unis avant de conquérir la France, où il fut publié pour la première fois dans l’hebdomadaire Candide en 1934. Avec ses récits pleins de malice et d’absurde, ce monarque miniature séduit par sa simplicité graphique et son humour universel. Les aventures du Petit Roi furent également reprises par des journaux comme Le Figaro ou Marianne, et un album rassemblant ses meilleurs gags parut chez Gallimard en 1938.
Les mésaventures de Topsy, chien mécanique
Dans son album publié en 1931, André Hellé met en scène Les Facéties de Topsy, chien mécanique, une bande dessinée sans paroles qui illustre les gags autour d’un chien automate. Destiné à un jeune public, l’histoire bascule dans une tonalité surprenante lorsque l’automate finit par être confondu avec le chien réel de la famille. Ce malentendu tragique mène à une fin inattendue et quelque peu macabre, un contraste audacieux qui témoigne de la créativité narrative de l’époque.
Zan-Zan alias Tar-Zan : une parodie déjantée de Tarzan
Dans les pages du journal Coq Hardi en 1949, Zan-Zan alias Tar-Zan, une parodie loufoque signée Benito Jacovitti, s’adresse aux jeunes lecteurs avec des aventures délirantes et des jeux de mots absurdes. Évoluant dans une jungle extravagante, Zan-Zan incarne une vision humoristique et décalée du héros sauvage. Adaptée en français par Marijac, cette bande dessinée se distingue par son style graphique foisonnant et ses trouvailles visuelles.
Ces héros et héroïnes oubliés, qu’ils soient espiègles, courageux ou burlesques, offrent un regard précieux sur l’histoire de la bande dessinée. En redécouvrant leurs aventures sur Gallica, nous rendons hommage à une époque où chaque page de journal était un terrain fertile pour l’imagination et l’innovation graphique. Que ce soit pour la nostalgie ou pour l’émerveillement, leur redécouverte promet d’enrichir notre compréhension du neuvième art et de ses multiples facettes.
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