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L'influence de l'absolutisme royal sur les décors et illustrations au Grand Siècle.

L'affirmation de l'absolutisme royal au XVIIe siècle, notamment après la Fronde, a profondément influencé le monde de l'édition et de l'illustration. Ce siècle, souvent désigné sous le nom de Grand Siècle, est marqué par une centralisation accrue du pouvoir royal qui s'étend jusqu'au contrôle des idées et de leur diffusion. Ce contrôle se manifeste par des mesures strictes sur les éditions imprimées, avec la mise en place du système des « privilèges » et l'obligation de soumission à autorisation pour les impressions.

Le système des « privilèges » consistait en des autorisations royales permettant l'impression de livres, souvent accompagnées de monopoles temporaires garantissant aux éditeurs des protections contre la concurrence. Ce contrôle strict avait pour but de censurer les œuvres jugées subversives ou contraires aux intérêts de l'État et de l'Église. En conséquence, les éditions clandestines ont prospéré, en particulier en province et à l'étranger. La Belgique, les Pays-Bas et Genève devinrent des centres importants de ces activités, en partie à cause de la forte présence de protestants réfugiés fuyant les persécutions religieuses en France.

Parallèlement, le XVIIe siècle voit des innovations importantes dans le domaine de l'édition et de la presse. L'éditeur Elzevier, héritier d'Alde Manuce, se distingue par son choix de publier des ouvrages au format réduit, facilitant ainsi leur diffusion et leur transport clandestin. En 1631, la parution de la Gazette de Renaudot marque l'émergence de la presse périodique, une révolution dans la diffusion de l'information.

Sous l'impulsion de Colbert, plusieurs institutions majeures sont créées pour servir la gloire de la monarchie. L'Académie française, fondée en 1635, devient un instrument de normalisation et de perfectionnement de la langue française. L'Imprimerie royale, également créée par Colbert, produit des « monuments typographiques » destinés à exalter le pouvoir royal et à démontrer la supériorité culturelle de la France.

La gravure, pratiquée depuis le milieu du XVe siècle pour l’estampe et peu après pour le livre, connaît une évolution significative au XVIIe siècle. La gravure sur cuivre en creux, bien que plus complexe et exigeante que la gravure sur bois, gagne en popularité. Elle nécessite un double tirage, l'un sur une presse typographique et l'autre sur une presse en taille douce, entraînant une séparation nette entre le texte et les illustrations dans les ouvrages. Cette technique, malgré sa complexité, permet des détails et des nuances impossibles à obtenir avec la gravure sur bois.

Dans le contexte de cette évolution technique, les illustrations deviennent moins fréquentes mais plus sophistiquées, s'intercalant à des endroits stratégiques dans les ouvrages. Les images se trouvent généralement aux endroits suivants : titres ou frontispices gravés précédant les pages liminaires, planches placées avant chaque grande partie du texte, bandeaux, lettres ornées et culs-de-lampe marquant le début ou la fin des chapitres. Cette structuration contribue à une mise en page plus esthétique et organisée, reflet de la rigueur classique du Grand Siècle.

La gravure sur bois, quant à elle, reste utilisée pour des ornements passe-partout ou des illustrations bon marché, mais elle est progressivement reléguée à des usages plus limités.

Le Grand Siècle est donc une période de transformations majeures dans le domaine de l'édition et de l'illustration. Sous l'influence de l'absolutisme royal, le contrôle des idées devient plus strict, mais les innovations techniques et les créations institutionnelles sous l'égide de figures comme Colbert enrichissent le paysage culturel. La gravure, avec ses avancées techniques, contribue à la création de livres qui ne sont pas seulement des vecteurs de connaissance, mais aussi des objets d'art à la gloire de la monarchie française

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