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La Bibliothèque royale de Belgique acquiert un dessin « unique » de Léon Spilliaert : Le Sculpteur de masques.

La Bibliothèque royale de Belgique (KBR) a récemment enrichi sa collection avec une acquisition exceptionnelle : un dessin « unique » du célèbre dessinateur, illustrateur et lithographe belge Léon Spilliaert. Ce précieux ajout a été offert par la Fondation Roi Baudouin, grâce au soutien du Fonds Marie-Jeanne Dauchy. Intitulée Le Sculpteur de masques, cette œuvre originale réalisée en 1907 sera désormais accessible au public, constituant un témoignage poignant des débuts de l’artiste.

Le Sculpteur de masques avait été conçue par Spilliaert pour servir de couverture à la pièce de théâtre éponyme de l’écrivain belge Fernand Crommelynck (1886-1970). Bien que l’éditeur bruxellois Edmond Deman ait publié la pièce en 1907, le dessin de Spilliaert ne fut finalement pas retenu pour l’illustration finale. Ce rejet confère aujourd’hui à cette œuvre un caractère unique et précieux, en tant que témoin des premiers pas de Spilliaert en tant qu’illustrateur de livres.

Ce dessin n’est pas le seul projet de Spilliaert lié à cette pièce ; un autre projet pour Le Sculpteur de masques est conservé au Musée d’Ixelles. Toutefois, l’acquisition de ce dessin par la KBR représente une véritable aubaine pour les chercheurs et amateurs d’art, car elle rejoint la plus grande collection publique des œuvres de Spilliaert, qui compte déjà plus de 150 dessins. La majorité des œuvres de Spilliaert, réalisées à l’encre de Chine, certaines colorées, témoignent de son intérêt pour le symbolisme littéraire, de sa vision critique des problèmes sociaux de son époque, et de l’atmosphère familiale chère à son cœur. Elles reflètent également sa quête spirituelle et son désir constant d’expérimentation artistique.

Né à Ostende, Léon Spilliaert était l’aîné de sept enfants. Son père, propriétaire d’une parfumerie, a probablement influencé l’environnement créatif dans lequel Spilliaert a grandi. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse à l’art et au dessin. Autodidacte, il n’a jamais suivi de formation académique formelle, préférant développer un style propre, à la fois mélancolique et introspectif. Cette indépendance artistique lui a permis de devenir l’un des artistes belges les plus influents du début du XXe siècle.

L’œuvre Le Sculpteur de masques reflète particulièrement les premières années de Spilliaert, marquées par une atmosphère expressionniste et une beauté sombre, typiques de sa période dite « noire ». Ces caractéristiques se retrouvent également dans son Autoportrait au miroir (1908), une œuvre emblématique conservée au musée d’Art à la mer à Ostende.

La KBR, en annonçant que Le Sculpteur de masques sera accessible au public sur demande, conformément à la politique de consultation de ses archives au Cabinet des estampes, souligne son engagement à valoriser et préserver le patrimoine artistique belge. Cette initiative permet non seulement de protéger une œuvre jugée précieuse, mais aussi d’offrir aux chercheurs et amateurs d’art une opportunité unique de découvrir une facette méconnue de Léon Spilliaert. Ce dessin constitue ainsi une pièce patrimoniale de grande valeur, qui enrichit encore la riche collection de la Bibliothèque royale de Belgique, tout en rendant hommage à l’un des artistes les plus marquants de l’histoire artistique belge.

dans : Collections

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