Les œuvres de William Shakespeare continuent de réserver des surprises, même plusieurs siècles après leur rédaction....
Goldorak : pourquoi le robot culte du manga japonais porte-t-il ce nom emblématique ?
Le mythe de Goldorak, figure emblématique de la culture populaire en France, transcende les générations. Mais derrière son nom si familier, se cache une histoire fascinante mêlant inspirations japonaises, décisions stratégiques et adaptations locales. Retour sur la genèse d’un phénomène mondial.
Une inspiration née d’un embouteillage
En 1975, le mangaka japonais Go Nagai imagine Grendizer, un robot géant révolutionnaire. L’idée lui vient alors qu’il est bloqué dans un embouteillage à Tokyo. Dans un élan d’imagination, il rêve d’un véhicule doté de bras et de jambes capables de l’extraire des bouchons. C’est ainsi que naît l’idée d’un robot-soucoupe volante au design audacieux.
Grendizer s’inscrit dans le genre "mecha", qui met en scène des robots géants souvent pilotés par des humains. Mais Go Nagai y insuffle une profondeur particulière en intégrant des messages écologistes et pacifistes. Actarus, prince de la planète Euphor et pilote de Grendizer, lutte pour protéger la Terre contre l’empire de Vega. Si Grendizer connaît un certain succès au Japon, il reste dans l’ombre de son prédécesseur, Mazinger Z. Pourtant, c’est son adaptation française qui le propulsera au rang de légende.
De Grendizer à Goldorak : une adaptation marquante
L’histoire de Goldorak en France commence en 1978, lorsque Jacques Canestrier, gérant de Pictural Films, découvre la série au Japon. Accompagné de son associé Bruno-René Huchez, il en acquiert les droits de diffusion pour l’hexagone. Mais le nom original, "Grendizer", pose un problème : il semble imprononçable et n’évoque rien de familier au public français.
Jacques Canestrier se met alors à chercher un nouveau nom. Inspiré par des figures héroïques et des mots forts comme "Zorro", "Tarzan" ou "Goldfinger", il note des idées sur une feuille. Le mot "gold", symbole d’éclat et de richesse, attire son attention. Il l’associe à Mandrake, le magicien de bande dessinée, pour créer "Goldanrak". Cependant, ce nom s’avère encore trop complexe. C’est finalement sa fille de huit ans, Stéphanie, qui propose de le simplifier en "Goldorak". Le nom est adopté et devient indissociable du robot mythique.
Un succès à la surprise générale
Le 3 juillet 1978, "Goldorak" est diffusé pour la première fois dans l’émission jeunesse "Récré A2" sur Antenne 2. Jacqueline Joubert, directrice des programmes jeunesse, accueille la série avec scepticisme. Elle la programme pendant les vacances d’été, une période traditionnellement peu propice à de fortes audiences. Contre toute attente, "Goldorak" captive instantanément les jeunes téléspectateurs.
Avec son doublage français marquant, un générique interprété par Noam et des thèmes universels, la série devient rapidement un phénomène culturel. En janvier 1979, "Goldorak" fait la une de Paris Match, symbole de son immense impact. Le robot s’impose dans le langage courant : les rampes de gyrophares de la police française sont surnommées "Goldorak".
Une épopée aux valeurs universelles
Le succès de "Goldorak" ne tient pas qu’à son nom ou à son générique. La série aborde des thèmes intemporels : la protection de l’environnement, la solidarité entre les peuples et la lutte contre les oppressions. Pour Sarah Hatchuel, co-autrice de Goldorak, l’aventure continue, ces messages résonnent encore aujourd’hui : "Goldorak est une épopée écologiste qui touche au mythe."
L’universitaire rappelle aussi la présence récurrente du thème du nucléaire, à travers la destruction de la planète d’Actarus ou les explosions des Golgoths en champignons atomiques. Quant à l’historien Ivan Jablonka, il voit dans le robot un symbole d’honneur et de fragilité de la Terre. Ces valeurs confèrent à "Goldorak" une pertinence et une modernité qui perdurent.
Un héritage qui traverse les décennies
Près de cinquante ans après sa création, "Goldorak" continue d’inspirer. En 2021, la Maison de la culture du Japon à Paris lui consacre une exposition immersive, tandis qu’en 2023, un jeu vidéo hommage fait le bonheur des fans. Les produits dérivés, les bandes dessinées et les expositions rappellent l’impact de ce robot emblématique.
Go Nagai lui-même reconnaît l’étonnante popularité de "Goldorak" en France. Lors d’une interview, il confie : "Le Japon était blasé par Goldorak, contrairement à la France." Cette réception singulière souligne l’importance de l’adaptation culturelle dans la diffusion d’œuvres internationales.
Une légende universelle
L’histoire de "Goldorak" rappelle qu’un nom, bien choisi, peut transformer une œuvre en icône. De l’inspiration initiale de Go Nagai dans un embouteillage à la suggestion d’une petite fille française, chaque détail a contribué à forger la légende. Aujourd’hui encore, "Goldorak" incarne des valeurs universelles et continue de captiver des publics de tous horizons.
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