L'évolution de la presse française à travers les siècles.

La presse périodique en France a une histoire riche et complexe, ancrée dans une tradition de publications qui ont évolué tant dans leur forme que dans leur contenu. Née en 1632 avec la création de La Gazette par Théophraste Renaudot, la presse de cette époque ressemblait beaucoup au livre. Les journaux des XVIIe et XVIIIe siècles étaient de petit format et ornés de lettrines, de bandeaux gravés ou de culs-de-lampe. Ils étaient publiés avec des tables à la fin de l'année, ce qui les faisait apparaître comme les différents tomes d'un ouvrage. Durant cette période, même les nombreux journaux révolutionnaires conservaient cette esthétique, devenant des instruments essentiels de l'espace public.

Cependant, l'Empire apporta un retour à la censure, freinant temporairement le développement de la presse. Ce n'est qu'à partir des années 1830 que la presse connaît un véritable renouveau, grâce aux progrès techniques. La mécanisation des presses et l'invention des rotatives à partir de 1845 permettent une production plus rapide et à plus grande échelle. L'utilisation du bois pour la fabrication du papier réduit les coûts, tandis que les techniques du bois de bout, de la lithographie, et plus tard de la photographie, enrichissent les illustrations des journaux.

L'apparition de la publicité dans La Presse d'Émile de Girardin en 1836, suivie par l'invention du feuilleton-roman par Le Siècle, marque une innovation majeure. Ces éléments contribuent au succès et à la diversification de la presse. Aux côtés des grands journaux d'information, apparaissent des publications spécialisées : la presse illustrée, les journaux féminins, les publications pour la jeunesse, les revues littéraires et la presse populaire bon marché.

De 1871 à 1914, c'est l'âge d'or des quotidiens. Des journaux comme Le Petit Journal tirent à des centaines de milliers d'exemplaires, caractérisés par leur grand format et une organisation en quatre colonnes plus aérées et plus étroites, facilitant la lecture. Les rubriques structurent le contenu, avec des titres de plus en plus imposants, allant d'une colonne à plusieurs colonnes, voire sur toute la page. L'Excelsior, en 1910, devient le premier quotidien illustré de photographies, rendant l'image indispensable. Après la Grande Guerre, bien que la presse quotidienne décline, des réussites notables comme Paris-Soir, avec sa maquette moderne intégrant texte et photographies dès 1930, marquent cette période.

À partir des années 1950, les innovations techniques continuent d'améliorer la qualité d'impression. La photocomposition remplace peu à peu la typographie traditionnelle, les lignes de plomb sont abandonnées au profit des films transparents. L'héliogravure, permettant une excellente restitution des couleurs, reste utilisée dans la presse magazine jusqu'aux années 1960, mais c'est l'offset, moins coûteux, qui devient de plus en plus populaire.

Les progrès de l'informatique dans les années suivantes transforment encore davantage la presse. La publication assistée par ordinateur (PAO) simplifie les techniques de reproduction et encourage l'abondance des illustrations, notamment avec la généralisation des images en quadrichromie. Cependant, cela impose aussi des standards uniformisants. Les journaux de diffusion nationale adoptent majoritairement le format tabloïd (30x45 cm). La mise en page s'efforce d'équilibrer les éléments pour mettre en évidence tous les points importants de la page, en variant la quantité de noir ou de blanc, la trame de couleur, la taille, la forme, la graisse ou l'orientation des caractères, assurant ainsi la lisibilité par des effets de variation et de hiérarchisation.

Ainsi, l'histoire de la presse française témoigne d'une évolution constante, tant dans ses techniques de production que dans ses formats et contenus, chaque étape marquant une avancée vers une presse plus accessible, diversifiée et visuellement enrichie. Les anciens livres et journaux, témoins de ces transformations, restent des pièces précieuses de notre patrimoine culturel.