C’est une véritable œuvre d’art, un joyau de papier aussi rare que somptueux, qui s’apprête à prendre la lumière :...
L'essor mondial du manga : des planches aux enchères de plus en plus prestigieuses.
Le manga, né sous la plume de Tezuka Osamu en 1952 avec Astro Boy, a non seulement ouvert la voie à une nouvelle ère culturelle japonaise, mais a également initié un phénomène mondial. À l’image de Blake et Mortimer pour la bande dessinée franco-belge, Astro Boy est devenu un symbole, le tout premier best-seller du manga. Ce succès a résonné au-delà des frontières japonaises et a même influencé le marché de l’art en Europe. La reconnaissance du manga comme art majeur s’est manifestée notamment le 28 mai 2018 chez Artcurial à Paris, où une planche originale d’Astro Boy a été mise aux enchères. Cette œuvre, réalisée dans les années 1950 pour le magazine Shônen, estimée entre 40.000 et 60.000 euros, a finalement été adjugée à un collectionneur européen pour la somme impressionnante de 269.400 euros, un record pour une œuvre de manga vendue hors Japon.
La montée en puissance du manga en Belgique et l’essor des collectionneurs
L’influence du manga ne se limite pas à un engouement ponctuel : en Belgique, le phénomène a pris une ampleur telle que les jeunes générations délaissent progressivement la bande dessinée franco-belge pour se tourner vers les mangas et les animes japonais. Les enfants des années 1990, collectionneurs de figurines, cartes et objets dérivés, ont aujourd’hui franchi un nouveau cap. Devenus adultes, ces passionnés investissent désormais les galeries d’art pour acquérir des œuvres originales de leurs héros favoris, souvent importées du Japon. Cette émergence de primo-acheteurs – âgés pour la plupart de 25 à 65 ans – traduit une passion exclusive pour certains héros emblématiques, à l’image de Naruto, Dragon Ball et One Piece.
Parmi ces nouvelles tendances, Luffy, le héros de One Piece imaginé par Eiichirō Oda, a acquis une popularité inédite. Pour ces passionnés, la possibilité d'acquérir un dessin original représente une nouvelle dimension de leur engagement, suscitant souvent la surprise face à la finesse et au travail minutieux des mangakas, dont les œuvres, produites en série, masquent parfois cette précision. En majorité, ces collectionneurs préfèrent se tourner vers les galeries d’art plutôt que vers les enchères en ligne, où les mangas bénéficient encore d'une faible visibilité médiatique comparée à la bande dessinée franco-belge.
Un patrimoine culturel à protéger
Face à cette montée de l’intérêt international, le Japon a pris des mesures pour préserver et promouvoir son patrimoine manga. En 2023, le ministère de la Culture japonais a entrepris des investissements conséquents pour reconnaître l’importance du manga, avec des projets d’archives et la création de musées dédiés. Cette reconnaissance a influencé la valeur des œuvres des studios Ghibli, notamment celles de Hayao Miyazaki, surnommé le Walt Disney japonais, avec des chefs-d’œuvre comme Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro, et Nausicaä de la vallée du vent. Cependant, l’acquisition d’œuvres originales de mangas reste difficile pour les collectionneurs étrangers, les Japonais privilégiant les ventes domestiques afin de préserver leurs trésors culturels.
Un marché accessible mais sélectif
Acquérir un dessin de mangaka n’est pas réservé aux élites. Il est possible de trouver des œuvres originales pour des prix variés selon les personnages et la notoriété de la série. Par exemple, un dessin de Son Goku de Dragon Ball peut être acquis entre 400 et 1.500 euros. Naruto se situe dans une fourchette de prix similaire, tandis que One Piece, avec son succès mondial, atteint des montants plus élevés, entre 2.500 et 5.000 euros pour des dessins originaux. À côté de ces prix accessibles, certaines pièces iconiques s’échangent à des montants exceptionnels, comme les cellos de l’anime Pokémon, avec Pikachu en vedette, dont certains exemplaires ont atteint plus de 40.000 euros. En juin 2024, un cello de Princesse Mononoké a même atteint la somme de 48.000 euros à Paris. Par ailleurs, un dessin de Katsuhiro Otomo représentant Kaneda Shotero, héros du manga Akira sur sa célèbre moto rouge, a été vendu pour 78.000 dollars aux États-Unis.
Vers un futur de plus en plus manga
Le manga est bien plus qu’une simple tendance passagère ; il s’inscrit désormais comme un pilier de la culture contemporaine, influençant aussi bien les jeunes générations que les passionnés d’art et de collection. Des titres tels que One Piece, Dragon Ball, et Naruto continuent de conquérir le monde, tout en affirmant la puissance des univers créés par des artistes japonais visionnaires. À l’image des grands classiques de la bande dessinée franco-belge, ces œuvres contribuent aujourd’hui à redéfinir les contours du patrimoine artistique mondial, tout en stimulant le marché de l’art, où les mangas gagnent progressivement leur place aux côtés des œuvres traditionnelles. Les pièces maîtresses de Tezuka, Miyazaki, ou Otomo sont aujourd’hui devenues des trésors culturels, objets de désir pour les collectionneurs du monde entier, affirmant ainsi le statut d’icônes intemporelles des héros de papier venus du Japon.
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