Le Western en bande dessinée.

Bien que le western ait trouvé ses premières formes d'expression dans les romans et les comédies musicales, il est indéniablement ancré dans notre imaginaire collectif grâce au cinéma. Les films réalisés par des légendes comme Walsh, Ford, Hawks, Mann, Peckinpah, et Leone, avec leurs vastes étendues, leurs acteurs mythiques, et leurs scènes de chevauchées spectaculaires, ont forgé une véritable mythologie. Même les clichés de ce genre ont été immortalisés par des parodies, comme celle de Kurtzman et Elder dans « Cowboy ! », Mad No.20, 1955.

Les premiers pas du western dans la bande dessinée américaine

La bande dessinée, bien qu'incapable de reproduire l'immensité de Monument Valley, a su adapter les paysages emblématiques de l'Ouest américain. Dans le domaine du comic strip, le western a d'abord été peu représenté. George Herriman fut un pionnier avec son éphémère Lariat Pete en 1903. Toutefois, des strips d’humour comme Popeye de Segar et Mickey Mouse ont utilisé le décor du Far West pour certains épisodes. James Swinnerton, résident de l'Arizona et de la Californie, a excellé dans Canyon Kiddies, une série illustrant la vie des enfants indiens, publiée de 1922 à 1941.

En 1933, Garrett Price lança White Boy, un strip dominical qui dépeint la vie d’un jeune blanc parmi les Sioux. Cette série, qui alliait une approche quasi documentaire des coutumes indiennes à des images poétiques, ne dura malheureusement que trois ans. D'autres strips notables incluent Mescal Ike, qui commença de manière sérieuse avant de devenir un gag quotidien, et The Lone Ranger, qui débuta en 1938, transformant le héros d’un feuilleton radiophonique en personnage de bande dessinée.

L'âge d'or du western en comic strip

L’année 1938 marqua également la création de Red Ryder par Fred Harman, mettant en scène un cow-boy et sa tante. Par la suite, des séries comme Casey Ruggles de Warren Tufts et Cisco Kid, dessiné par José Luis Salinas, enrichirent le genre. Cisco Kid, tout comme Zorro, devint un héros multimédia apparaissant en littérature, BD, cinéma, radio et télévision.

Cependant, le genre western dans le comic strip déclina progressivement à mesure que la bande dessinée d'aventure perdit de l’espace dans les journaux. Malgré cela, il prospéra dans les comic books dès la fin des années trente. Des artistes comme Will Eisner, Frank Frazetta, et Jack Kirby ont tous contribué au genre. Des personnages indiens, tels que Red Hawk de Bob Powell et Apache Kid de John Buscema, sont également devenus des héros dans les comics.

Le western européen et ses icônes

En Europe, la bande dessinée western a également pris son essor. Hergé rendit hommage aux films hollywoodiens avec Popol et Virginie au pays des Lapinos (1934) et Tintin en Amérique (1932). Marijac, créateur de Jim Boum dans Cœurs Vaillants, a montré un intérêt marqué pour le western, créant des séries comme Rouletabosse et une fresque épique sur Sitting Bull.

Après la Seconde Guerre mondiale, la bande dessinée européenne a connu une résurgence du genre. René Giffey avec Buffalo Bill et Le Rallic avec Poncho Libertas ont marqué cette période. Le journal Spirou, notamment, publia des séries emblématiques comme Lucky Luke de Morris et Jerry Spring de Jijé. Lucky Luke, né en 1946, bénéficia des scénarios de René Goscinny à partir de 1955, renforçant la dimension parodique de la série.

Le renouveau du western dans la bande dessinée moderne

La série Blueberry, créée en 1963 par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, a redéfini les standards du western en bande dessinée, combinant drame intense et qualité visuelle exceptionnelle. Le héros, un jeune lieutenant devenu proscrit, évolue dans un univers riche en personnages secondaires hauts en couleur.

Le genre a continué à se renouveler avec des séries comme Comanche de Greg et Hermann, Buddy Longway de Derib, et d’autres œuvres influencées par Blueberry. Des artistes comme Michel Blanc-Dumont avec Jonathan Cartland et François Boucq avec Bouncer ont exploré de nouvelles facettes du western.

Le western dans les petits formats et à l'international

Les petits formats ont également joué un rôle crucial dans la diffusion du western en bande dessinée. Des séries comme Tex Willer en Italie, créée en 1948 par Gian Luigi Bonelli et Aurelio Galleppini, restent populaires. Hugo Pratt a également marqué le genre avec Sergent Kirk, Fort Wheeling, Ticonderoga et Jesuit Joe. Le western comique n’est pas oublié avec des séries comme Cocco Bill de Benito Jacovitti.

Au fil des décennies, le western en bande dessinée a su se réinventer et conserver sa popularité. Que ce soit dans les grands hebdomadaires illustrés ou les petits formats, ce genre n’a jamais perdu de sa vigueur. Il continue d’inspirer des créateurs à travers le monde, prouvant que les aventures du Far West ont encore de beaux jours devant elles.