C’est un trésor d’enluminure et de dévotion qui surgit du silence des siècles : un Psalterium & Breviarium en...
Gilbert Gascard, alias Tibet, un pilier de la bande dessinée franco-belge.
Naissance et premiers pas dans l'univers du dessin
Né le 29 octobre 1931 à Marseille, Gilbert Gascard, plus connu sous le pseudonyme de Tibet, est l'un des dessinateurs et scénaristes les plus prolifiques de la bande dessinée franco-belge. Son parcours, débuté dans les ruelles ensoleillées de Marseille, a rapidement pris une tournure internationale lorsque sa famille émigre en Belgique alors qu'il n'a que cinq ans. Ce déménagement marqua le début d'une aventure qui allait profondément influencer le monde de la bande dessinée.
Le pseudonyme "Tibet", qui deviendra indissociable de son œuvre, trouve son origine dans l'incapacité de son frère aîné à prononcer correctement le prénom "Gilbert". Ce surnom, presque enfantin, deviendra le nom sous lequel il sera reconnu et admiré dans le monde entier.
Les débuts dans le monde de la bande dessinée
À l'âge de 16 ans, Tibet entre dans le monde du travail en tant qu'assistant dessinateur dans un studio de graphisme. C'est là qu'il fait ses premières armes en collaborant avec des publications telles que « Mickey Magazine », où il se lie d'amitié avec un autre futur grand nom de la bande dessinée, André-Paul Duchâteau. Leur rencontre en 1949 est déterminante : ensemble, ils créeront des œuvres qui marqueront des générations de lecteurs.
En 1949, l'hebdomadaire « Héroïc-Albums » publie le premier héros de Tibet, Dave O'Flynn, un détective privé influencé par l'atmosphère des romans noirs. Ce personnage, bien que modeste par rapport à ses créations ultérieures, montre déjà le talent narratif et le style graphique distinctif de Tibet.
L'ère du journal Tintin : une montée en puissance
L'année 1950 marque un tournant dans la carrière de Tibet, qui devient maquettiste-illustrateur pour le prestigieux journal « Tintin ». C'est ici qu'il crée « Yoyo s'est évadé », sa première histoire complète pour le périodique. Ce début modeste est le prélude à une carrière extraordinaire qui le verra créer certains des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée.
Parmi ces créations, deux séries se détachent : « Les Aventures de Chick Bill » et « Ric Hochet ». La première, publiée pour la première fois en 1953, est un western humoristique destiné à un jeune public. Chick Bill, accompagné de l'Indien Petit Caniche et du shérif Dog Bull, évolue dans un monde où l'humour se mêle à l'action, un véritable petit théâtre de comédie sur fond d'Ouest américain. La série, qui comptera finalement 70 albums, montre l'évolution du style de Tibet, passant d'un graphisme influencé par Disney à un trait plus humanisé et personnel.
En 1955, Tibet s'associe à nouveau avec André-Paul Duchâteau pour créer ce qui deviendra l'une des séries les plus durables et aimées de la bande dessinée franco-belge : « Ric Hochet ». Ce journaliste-détective, perspicace et téméraire, devient le héros de 76 albums, chacun une nouvelle enquête policière palpitante. À travers Ric Hochet, Tibet et Duchâteau explorent les codes du polar, tout en les adaptant à un public plus large, rendant les intrigues à la fois accessibles et captivantes.
Les années 1960 à 1980 : diversification et succès continu
Durant les années 1960, Tibet diversifie ses activités, explorant de nouveaux genres et formats. Il crée « Les 3 A », une bande animée pour laquelle il s'entoure de talents comme Mittéï et Michel Vasseur. En parallèle, il se lance dans la caricature avec sa célèbre « Tibetière », un espace où il croque les célébrités du cinéma, du sport et de la bande dessinée avec un humour mordant.
L'un des aspects les plus intéressants de la carrière de Tibet est sa capacité à innover tout en restant fidèle à ses personnages phares. Par exemple, bien que Chick Bill soit né dans les pages d'un journal pour enfants, Tibet le fait évoluer avec son public, abordant des thèmes plus matures tout en conservant l'esprit originel de la série.
La reconnaissance et les honneurs
Le travail acharné de Tibet ne passe pas inaperçu. En septembre 2000, pour célébrer ses 50 ans de fidélité aux Éditions du Lombard, une luxueuse monographie intitulée « Tibet, la Fureur de Rire » est publiée. Cet ouvrage, rédigé par Patrick Gaumer, offre un aperçu détaillé de la carrière de Tibet, illustré de nombreux dessins inédits. Cette reconnaissance culmine en novembre 2000, lorsque Jack Lang, alors ministre de l'Éducation nationale, remet à Tibet les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres.
Les honneurs se multiplient au fil des années. En 2002, la ville de Roquebrune-sur-Argens, lieu de villégiature préféré de l'artiste, inaugure un boulevard Ric Hochet en son honneur. En 2006, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture, élève Tibet au rang d’Officier des Arts et des Lettres. Ces distinctions témoignent de l'importance de Tibet dans le paysage culturel non seulement belge mais aussi français.
Un héritage indélébile
En 2007, Tibet surprend ses lecteurs en publiant « Qui fait peur à Maman ? », un recueil de souvenirs de jeunesse sans aucun dessin. Ce livre, préfacé par son ami Salvatore Adamo, révèle une facette plus intime et littéraire de Tibet, montrant qu'au-delà du dessinateur se cachait un écrivain sensible et introspectif.
Tibet est resté actif jusqu'à la fin de sa vie. En 2010, alors qu'il travaillait sur la 78e enquête de Ric Hochet, « À la poursuite du griffon d'Or », la mort l'a frappé soudainement, laissant son œuvre inachevée. Cependant, son éditeur, Le Lombard, décide de publier l'album posthume, offrant ainsi aux fans une dernière chance de plonger dans l'univers de Ric Hochet, même si l'histoire reste partiellement esquissée.
Gilbert Gascard, alias Tibet, laisse derrière lui un héritage immense. Ses créations, particulièrement Ric Hochet et Chick Bill, continuent de fasciner les amateurs de bande dessinée. Son style, son humour, et son engagement pour la reconnaissance du métier d'auteur de bande dessinée en font une figure emblématique de la BD franco-belge. À travers ses œuvres, Tibet a su capturer l'imaginaire de plusieurs générations, et ses personnages continueront à vivre dans les pages des albums qu'il a créés avec tant de passion et de talent.
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